Ali Abunimah – 18 avril 2019
Un juge israélien confirme l’expulsion du directeur de Human Rights Watch à Jérusalem à cause de son plaidoyer pour appeler les entreprises à mettre fin à leur complicité avec les colonies israéliennes sur la terre palestinienne occupée. (Mahfouz Abu Turk / APA images)
Mardi, un tribunal israélien a confirmé une décision du gouvernement d’expulser Omar Shakir, directeur du bureau de Jérusalem de Human Rights Watch. Le tribunal a fondé sa décision sur une loi de 2017 qui interdit l’entrée aux gens qui plaident pour un boycott d’Israël ou de ses colonies en territoire occupé.
Ceci se passe alors que la campagne pour faire cesser le bénéfice que des entreprises internationales tirent des colonies israéliennes a enregistré de nouveaux succès.
Breaking: An Israeli court has reinstated my deportation, saying @hrw’s work calling on businesses to stop facilitating abuses in settlements constitutes boycott. They have given me until May 1 to leave, but we're appealing to Supreme Court. Our statement https://t.co/3118R0VWmf https://t.co/bCuUEQkRzn
— Omar Shakir (@OmarSShakir) April 16, 2019
« Dans une nouvelle et dangereuse interprétation de la loi, le tribunal a trouvé que l’enquête de Human Rights Watch et son plaidoyer pour demander aux entreprises de cesser de faciliter les abus dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée constitue un appel au boycott », a déclaré l’organisation sise à New-York.
« La décision établit un précédent qui pourrait gêner le travail d’autres organisations de défense et compromettre le statut d’autres défenseurs des droits en Israël. »
D’après Human Rignts Watch, c’est la première affaire dans laquelle le gouvernement israélien s’est appuyé sur l’amendement de 2017 de sa dite Loi d’Entrée pour expulser une personne légalement présente dans le pays, s’agissant d’Israël.
Le tribunal a prétendu que Shakir avait appelé à des boycotts depuis qu’il était un étudiant militant aux Etats Unis il y a plus d’une décennie plus tôt, ainsi que dans ses activités suivantes dans la promotion de la recherche sur les activités des entreprises, dont les sociétés mondiales de tourisme Airbnb et Booking.com qui participent au vol de la propriété des Palestiniens et en tirent profit.
HumanRights Watch a déclaré que les sociétés qui font des affaires dans les colonies israéliennes en tirent inévitablement profit et contribuent à la politique d’Israël « qui dépossède, discrimine et maltraite les droits de l’Homme » de millions de Palestiniens.
Mardi, à la suite de la décision du tribunal, Human Rights Watch a réaffirmé sa position qui est que « les entreprises devraient arrêter leurs activités illégales dans les colonies de Cisjordanie ».
Revers pour les colonies
Les entreprises qui travaillent dans les colonies israéliennes – qui sont toutes illégales selon le droit international – se retrouvent sous une pression mondiale croissante pour qu’elles cessent d’aider la colonisation sur une terre occupée.
Dans ce que le Comité National palestinien de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BNC) a appelé une « victoire significative », FNV, le plus grand syndicat des Pays Bas avec plus d’un million de membres, a laissé tomber HP en tant que partenaire pour des offres de réduction à ses membres.
HP – connu aussi en tant Hewlett-Packard – est depuis longtemps la cible de militants parce que les entreprises de la marque HP ont fourni à l’armée israélienne une technologie de profilage racial pour ses checkpoints qui restreignent la circulation des Palestiniens en Cisjordanie occupée.
Et cette semaine, il est apparu que le géant de l’assurance et de la finance basé en France, AXA, s’est tranquillement désinvesti l’année dernière du fabricant d’armes israélien Elbit.
.@AXA IM divests from Israel's @ElbitSystemsLtd
The @SumOfUs_Fr @Campagnebds campaign against AXA's problematic investments continues, as an AXA subsidiary remains linked to Elbit, and AXA maintains investments in Israeli banks which finance settlementshttps://t.co/JL2vHBUYwe pic.twitter.com/bSDnnGAEW7
— BDS movement (@BDSmovement) April 18, 2019
.@AXA IM divests from Israel's @ElbitSystemsLtd
The @SumOfUs_Fr @Campagnebds campaign against AXA's problematic investments continues, as an AXA subsidiary remains linked to Elbit, and AXA maintains investments in Israeli banks which finance settlementshttps://t.co/JL2vHBUYwe pic.twitter.com/bSDnnGAEW7
— BDS movement (@BDSmovement) April 18, 2019
La Campagne BDS France se félicite de la décision d’@AXA de se retirer, en partie, d’Elbit Systems mais appelle le groupe d’assurance à mettre un terme à TOUS ses investissements complices de l’apartheid israélien. Communiqué de @SumOfUs_Fr : https://t.co/rdmmCsQxnm #ProudToBeAXA pic.twitter.com/kRIEwsa7A2
— BDS France (@Campagnebds) April 17, 2019
Dans le cadre de la journée internationale d’action en direction d’@AXA complice de l’apartheid israélien, les militant·e·s de Lyon ont mené 2 actions, dans le centre-ville et devant l’immeuble de l’assureur | via @palestine69 #ProudToBeAXA #PalestinianPrisonersDay pic.twitter.com/FEgbtGwKD7
— BDS France (@Campagnebds) April 17, 2019
Les militant·e·s de Marseille ont participé à la journée internationale d’action en direction d’@AXA, complice de l’apartheid israélien. Elles·ils ont distribué des tracts et ont fait signer des cartes, qui seront envoyées à la direction. #ProudToBeAXA #PalestinianPrisonersDay pic.twitter.com/4j999DpMpF
— BDS France (@Campagnebds) April 18, 2019
Le géant international de la banque HSBC s’est également désinvesti d’Elbit l’année dernière après une campagne populaire.
Et cette semaine, les Palestiniens renforcent leur campagne pour exiger que la société d’articles de sport PUMA mette fin à sa sponsorisation des équipes de football situées dans les colonies israéliennes.
Today @Puma shareholders are gathering for its Annual General Meeting.
Stand with 200+ Palestinian sports teams urging Puma to end its support for illegal Israeli settlements pushing Palestinian families off their land.
Pledge to #BoycottPuma: https://t.co/tRWeKZprSK pic.twitter.com/jeQboo1oM4
— PACBI (@PACBI) April 18, 2019
Pas de différence
Human Rights Watch ne soutient pas explicitement le mouvement plus large de BDS – boycott, désinvestissement et sanctions – pour les droits des Palestiniens. Mais l’association fait remarquer que, dans la décision d’expulser Shakir, le juge israélien « a soutenu que la loi anti-boycott d’Israël ne fait pas de différence entre les boycotts dirigés contre Israël et ceux uniquement dirigés contre les colonies de Cisjordanie ».
Le ministère israélien de l’Intérieur et des Affaires stratégiques a démarré en mai dernier ses efforts pour expulser Shakir, lui ordonnant de quitter le pays sous 14 jours. Mais la décision est restée en suspens en attente de l’appel de Human Rights Watch.
Le ministère des Affaires stratégiques, qui dirige les efforts bien financés d’Israël pour combattre le mouvement mondial croissant de soutien aux droits des Palestiniens, a réuni un dossier sur les activités de Shakir, dont il a dit qu’il démontrait son soutien à BDS.
La plupart des activités listées dans le dossier datent d’avant l’engagement de Shakir dans Human Rights Watch et sont en lien avec ses activités militantes en tant qu’étudiant à l’université de Stanford, où il réclamait la totalité et l’égalité des droits pour les Palestiniens.
Un prétexte cité dans le dossier pour expulser Shakir est qu’il a partagé sur Twitter un article écrit par l’universitaire Stephen Salaita et publié en 2014 par The Electronic Intifada :
Helpful resource for academics, by @stevesalaita in @intifada: "How to practice BDS in academe" https://t.co/ZwqMcIA7mI
— Omar Shakir (@OmarSShakir) December 23, 2015
Ideological exclusion has been used in the past to revoke or deny visas to some of the world’s leading artists and thinkers.
If the government is using this political censorship tool again, it’s a disgrace — and violates the First Amendment.https://t.co/nIQABi18Nw
— ACLU (@ACLU) April 12, 2019
Quelques conseils pratiques sur la façon dont les universitaires peuvent défendre les droits des Palestiniens sur le campus, même face aux intimidations sionistes.
« Les tentatives d’Israël pour expulser Omar Shakir font partie de plus larges efforts pour empêcher les défenseurs des droits de l’Homme de fournir des témoignages et de la documentation sur les violations des droits de l’Homme, ainsi que pour étouffer toute opposition à ces abus », a déclaré mercredi le Centre pour les Droits Constitutionnels.
L’association pour les libertés civiles a fait remarquer que, l’année dernière, Israël a interdit, sous des prétextes politiques, à son directeur exécutif Vince Warren et sa présidente Katherine Franke d’entrer sur le territoire contrôlé par Israël.
L’association de défense des droits de l’Homme basée à Gaza, Al-Mezan, a condamné la décision du tribunal israélien en tant que « grave escalade des agressions législatives et judiciaires d’Israël contre des défenseurs des droits de l’Homme, malgré la légitimité de leur travail et l’utilisation de moyens pacifiques tels que la recherche et le plaidoyer pour protéger des droits garantis par les conventions internationales ».
Le juge israélien a ordonné à Shakir de quitter le pays au 1er mai, mais a dit que son exécution serait retardée tant que le processus juridique se poursuit.
Human Rights Watch fait appel de la décision devant la haute cour d’Israël.
Les tentatives d’Israël pour réduire au silence les défenseurs des droits de l’Homme semblent avoir le soutien du gouvernement des Etats Unis qui, au début du mois, a interdit l’entrée à Omar Barghouti, cofondateur du mouvement BDS, en dépit du fait qu’il avait un visa valide.
Ideological exclusion has been used in the past to revoke or deny visas to some of the world’s leading artists and thinkers.
If the government is using this political censorship tool again, it’s a disgrace — and violates the First Amendment.https://t.co/nIQABi18Nw
— ACLU (@ACLU) April 12, 2019
L’Union Américaine des Libertés Civiles a traité « l’exclusion idéologique » de Barghouti par le gouvernement américain de « censure politique » et de violation du Premier Amendement.
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada