Par Ali Abunimah, le 11 mars 2019
Asa Winstanley
Le parti Travailliste a initié des procédures disciplinaires contre Asa Winstanley, reporter à The Electronic Intifada et par ailleurs membre du principal parti d’opposition du Royaume Uni.
La première personne à en parler publiquement fut un journaliste du Jewish Chronicle, journal de droite avec une histoire farouchement anti-palestinienne.
New: It is understood that Asa Winstanley is suspended from Labour Party pending investigation.
— Rosa Doherty (@Rosa_Doherty) March 7, 2019
Winstanley n’était pas au courant avant de voir le Tweet.
Il a alors vérifié sur sa messagerie et y a vu une lettre du parti Travailliste l’informant d’une « enquête » sur plusieurs de ses tweets critiques d’Israël et de son idéologie officielle, le Sionisme.
Le journal a publié un article qui contenait des informations personnelles sur Winstanley.
Winstanley a déposé une plainte officielle devant le parti Travailliste pour grave entorse à la protection des données et envisage de porter l’affaire en justice.
Parce qu’un journaliste a été informé sur des affaires privées de Winstanley, le parti Travailliste peut se trouver en violation de ses obligations légales de protection des données sensibles d’un de ses membres.
Faire fuiter ce genre de données personnelles peut être une infraction criminelle selon l’Acte de Protection des Données de 2018 du Royaume Uni.
Israeli embassy proxy the JLM confirms it was responsible for the referencing of Labour to the Equality and Human Rights Commission for supposed "institutional antisemitism".
Shameless sabotage of the party.
This is what Israel terms "lawfare" https://t.co/jJyJGrOGS2 pic.twitter.com/xUPHyNcaiT
— Asa Winstanley (@AsaWinstanley) March 7, 2019
Depuis que le Jewish Chronicle a publié les informations privées apparemment fournies par le parti Travailliste, Winstanley a reçu des attaques en ligne.
Tandis que l’enquête des Travaillistes se poursuit, on ne sait pas très bien si Winstanley recevra sa carte de presse pour la conférence annuelle du parti en septembre.
Si une carte de presse n’était pas remise, l’enquête sur Winstanley serait alors en effet une forme de censure d’un journaliste responsable de quantité de reportages méticuleusement précis et largement lus sur le parti.
Winstanley a fait un rapport de l’intérieur de la conférence de 2016 et de celle de 2018.
Des enquêtes sur de nombreux membres du parti Travailliste ont pris des années.
Par exemple, Jackie Walker, Travailliste noire et Juive antisioniste, n’a reçu que le mois dernier une convocation à une audition pour allégations concernant ses commentaires à la conférence du parti Travailliste en septembre 2016.
Alors qu’elle participait à une séance de formation du Mouvement Travailliste Juif, Walker fut l’une de ceux qui n’ont pas été d’accord avec la définition de l’antisémitisme par ce groupe pro-israélien.
Comme Winstanley l’a rapporté à l’époque, la seule définition utilisée était celle qui comprend la description d’Israël comme une tentative raciste – quelque chose qui empêcherait les Palestiniens de parler de leur réalité vécue et de leur histoire.
Yet another clear example of how Zionist fanatics are fine with antisemitism (as long as it's pro-Israel antisemitism) and fabricate antisemitism to use as a political weapon. https://t.co/MaO5WSAxtb
— Asa Winstanley (@AsaWinstanley) March 6, 2019
Comme Winstanley l’a rapporté ce mois-ci, le Mouvement Travailliste Juif a été refondé en 2015 afin de lutter contre Corbyn.
Depuis 2015, Winstanley a écrit des articles fouillés sur la chasse aux sorcières contre les membres du parti Travailliste qui sont de gauche et qui soutiennent les droits des Palestiniens.
Depuis que Jeremy Corbyn – vieux militant pour les droits des Palestiniens – a été élu à la tête du parti, une avalanche d’allégations d’antisémitisme, souvent fabriquées, est tombée sur le parti.
Dans une affaire notoire, une allégation a été forgée par le député John Ryan, président des Amis Travaillistes d’Israël. Le mois dernier, Ryan faisait partie d’une poignée de députés qui ont démissionné du parti entre autres sur des revendications d’antisémitisme.
L’action des Travaillistes cette semaine contre Winstanley est un exemple d’un problème plus vaste.
Ces trois dernières années, des membres du parti Travailliste ont habituellement eu vent d’enquêtes, de suspensions et d’expulsions par la presse ou ont affronté des injustices similaires.
Après l’élection l’année dernière de Jennie Formby – nouveau secrétaire général de gauche qui est pro-Corbyn – de nombreux membres ont exprimé leur espoir d’un changement.
Mais cette dernière action, ainsi que plusieurs récentes prétendues suspensions et enquêtes sur d’autres membres, montrent que le parti Travailliste est peut-être en violation de ses obligations légales de protection des données personnelles de ses membres.
I want to thank grassroots Labour Party members and supporters from the bottom of my heart for the incredible solidarity you have shown me over the last 48 hours.
My message is this:
Keep your eyes on the prize and hold on because #ChangeIsCominghttps://t.co/WBBKoCpN5E— Chris Williamson (@DerbyChrisW) February 28, 2019
Le député de gauche, Chris Williamson, qui a été le seul député à s’exprimer ouvertement contre la chasse aux sorcières, a été suspendu fin février.
Si l’enquête du parti Travailliste est une tentative de représailles contre Winstanley – et par extension contre The Electronic Intifada – pour avoir écrit sur la crise fabriquée de l’antisémitisme et sur les lobbys israéliens, ce ne serait pas la première.
En 2017, des avocats pour le Mouvement Travailliste Juif, groupe affilié au parti et en liens étroits avec l’ambassade d’Israël, ont écrit à Winstanley dans une apparente tentative d’intimidation pour qu’il arrête son travail de reporter.
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada