Israël punit les détenus en grève de la faim pour exiger leurs droits

 

Charlotte Silver – 22 avril 2017 – The Electronic Intifada


Des garçons palestiniens lors d’un rassemblement en soutien aux prisonniers palestiniens en grève de la faim dans les prisons israéliennes, à Naplouse, Cisjordanie occupée, le 20 avril 2017. (Ayman Ameen APA/images)

Des centaines de prisonniers palestiniens sont entrés dans leur sixième jour de grève de la faim ce samedi, alors que les autorités israéliennes intensifient leurs mesures punitives dans une tentative d’affaiblir l’action collective.


Le 17 avril, 1500 Palestiniens ont lancé une grève massive de la faim avec une longue liste d’exigences, notamment l’amélioration des conditions et des soins médicaux, et un plus grand nombre de visites des familles.


Alors que plusieurs prisonniers en grève sont d’ores et déjà hospitalisés, les dirigeants israéliens refusent de négocier sur les exigences des prisonniers.

« Quand il se produit une grève de la faim par des terroristes dans les prisons israéliennes, je fais mienne la démarche de Margaret Thatcher », écrit sur Facebook, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, se référant à l’ancienne Premier ministre britannique, bien connue pour avoir laissé les grévistes de la faim irlandais mourir en prison en 1981.

Israël retient actuellement plus de 6000 prisonniers politiques palestiniens. Des centaines sont détenus sans inculpation ni procès, et des milliers après jugement devant les tribunaux militaires israéliens qui les condamnent à près de 100 %.


En ciblant les dirigeants de la grève, les autorités israéliennes ont commencé par confisquer les biens personnels et les vêtements, à interdire la télévision, à obliger les grévistes à déménager vers d’autres sections des prisons, et à en placer des dizaines en cellule d’isolement.

« Dans les prisons de Nitzan et de Ramla, les dirigeants israéliens ont utilisé des chiens policiers contre les détenus palestiniens grévistes de la faim, et se sont emparés des Corans des prisonniers », rapporte Ma’an News Agency samedi, citant la Société des prisonniers palestiniens.

Des représailles pour un article paru dans The New York Times


Entre autres prisonniers placés en cellule d’isolement, il y a Marwan Barghouti, qui a lancé la grève massive de la faim, et Karim Younes, le Palestinien qui aurait subi la plus longue peine de prison ininterrompue dans les prisons israéliennes.


Barghouti, personnalité éminente du mouvement Fatah, parti du dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, pourrait être sanctionné davantage en raison de son édito qu’il a fait publier dans The New York Times le 16 avril, où il explique les motifs de la grève.

Le Comité palestiniens pour les Affaires des prisonniers cite les allégations formulées par Israël prétendant que l’épouse de Barghouti « a sorti frauduleusement » cet article de la prison.
Mais le ministre israélien de la Sécurité, Gilad Erdan, affirme que les autorités sont en train d’enquêter pour savoir si ce n’était pas ses avocats.

Et Erdan d’ajouter que s’il était découvert que ses avocats avaient aidé Barghouti à publier l’article, il pourrait leur être interdits de le visiter.

Michael Oren, l’ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis, qui travaille maintenant pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, laisse entendre que The New York Times a peut-être joué un rôle.

« Si quelqu’un du journal l’a aidé (à sortir l’article de la prison), The New York Times devrait en être tenu responsable », dit Oren, suggérant que le bureau de Jérusalem du journal pourrait alors être fermé.
Ma’an News Agency rapporte que les avocats sont déjà interdits de visite dans la prison d’Ashkelon, et que l’accès aux autres prisons est très incertain.

La commission des prisonniers de l’Autorité palestinienne a déclaré mercredi que le ministère de la Justice d’Israël avait confirmé que ce serait illégal d’interdire à tous les grévistes de la faim de voir leurs avocats.


Les avocats qui représentent les prisonniers grévistes boycottent maintenant les tribunaux militaires israéliens.

Pour tourner en dérision les grévistes de la faim


Le ministre de la Sécurité publique Erdan, comme Lieberman, a promis de faire fi des exigences des grévistes de la faim.

« Il n’existe aucune justification réelle à cette grève » dit Erdan. « Les terroristes ne sont pas en prison pour y connaître de bonnes conditions. Ils sont là pour être punis. Une grève de la faim ne doit rien changer à notre comportement en tant qu’État envers les prisonniers ».

En 2015, Erdan a lancé une nouvelle législation pour légaliser l’alimentation forcée des grévistes de la faim palestiniens, quand il a comparé les grèves de la faim à des attentats-suicides.

Jeudi, pour « fêter la grève de la faim », des Israéliens ont allumé des barbecues sur le parking de la prison d’Ofer, à l’intérieur de laquelle les Palestiniens refusent de se nourrir depuis plusieurs jours.


Ces gens derrière ces barbecues appartiennent au parti d’extrême droite, le Foyer juif, membre du gouvernement de coalition de Netanyahu.

Plusieurs dizaines de détenus auraient recommencé à se nourrir après cinq jours de grève, mais ils ont été remplacés par des centaines d’autres qui ont rejoint la protestation.

Charlotte Silver est journaliste indépendante et elle écrit régulièrement pour The Electronic Intifada. Elle est basée à Oakland, Californie et elle rapporte depuis le Palestine depuis 2010. On peut la suivre sur Twitter @CharESilver.


Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine


Source : Electronic Intifada

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