Retour sur le siège de Bethlehem de 2002 avec la nouvelle pièce du Freedom Theatre

Sarah Irving lundi 30 mars 2015

VIDEO: « The siege » :

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Le Théâtre de la Liberté de Jénine est programmé pour un lever de rideau, ce samedi, sur sa nouvelle production théâtrale, Le Siège.

La première a lieu lors d‘une journée d’événements culturels au Théâtre en Cisjordanie occupée, prévue pour commémorer le quatrième anniversaire de l’assassinat de son cofondateur, Juliano Mer Khamis, dont le meurtre reste non élucidé.

Cette date est aussi le treizième anniversaire de l’invasion massive du camp de réfugiés de Jénine par l’armée israélienne. Connue sous le nom d’Opération Bouclier Défensif, cette invasion a causé la démolition de vastes zones du camp et tué des tas de gens.

Un autre acte de l’armée israélienne durant Bouclier Défensif fut l’invasion du centre ville de Bethlehem et le siège de 39 jours qui s’est ensuivi de l’Église de la Nativité.

C’est cet acte qui est au cœur de la nouvelle pièce du Freedom Theatre.

Quitter son pays pour toujours

En mars 2002, des combattants qui fuyaient l’avance de l’armée israélienne dans le centre de Bethlehem ont rejoint 200 prêtres, bonnes sœurs et habitants des environs de la Place Manger et se sont réfugiés dans l’Église de la Nativité, un des sites les plus sacrés de la Chrétienté.

Pendant un siège qui a duré presque six semaines, la presse du monde entier s’est demandé si leur présence « désacralisait » ce site sacré ou s’il s’agissait de la longue tradition de refuge offert par les lieux de culte.

Le Freedom Theatre a enregistré ce qui se passait dans l’église tandis que le débat se menait dans les media : « Les assiégés ont faim et s’affaiblissent. L’odeur des corps non lavés et des toilettes cassées se mêle à la puanteur des plaies des blessés qui suppurent. Deux cadavres sont en décomposition dans une cave de l’église. Tandis que le monde observe, les combattants sont face à la question de savoir s’ils doivent se battre jusqu’au bout ou se rendre. Quel que soit leur choix, il leur faudra abandonner leurs familles et leur pays ».

Le texte du Siège est basé sur des récits de quelques uns de ceux qui ont cherché refuge dans l’église et que les metteurs en scène ont interviewés. Certains d’entre eux vivent en exil en Europe.

Tel qu’il est, c’est à la fois un projet documentaire historique et une œuvre d’art.

Le programme du Freedom Theatre se poursuit en dépit de l’arrestation et de la détention de Mustafa Sheta, un des membres du Comité directeur du Théâtre qui travaille pour le bureau local de l’ONU et qui est journaliste et militant de Jénine. Cet homme de 35 ans qui a trois enfants a été arrêté chez lui aux premières heures de la journée du 19 mars ; c’est le tout dernier d’une série de harcèlements quasi continuels des forces israéliennes contre ceux qui sont impliqués dans ce théâtre.

Les nouvelles d’hier sur la page Facebook du théâtre disaient que « l’audience du tribunal prévue pour aujourd’hui est reportée d’une semaine. Nous espérons en savoir plus, rapidement ».

D’autres projets du Freedom Theatre ont aussi été face à des défis : ainsi les participants du tour théâtral du Freedom Bus se sont vus récemment refuser l’entrée à Jérusalem où ils devaient prendre part à une soirée au Théâtre municipal Hakawati.

Cela n’empêche pas la troupe de confirmer sa tournée d’avril avec Le Siège – qui inclut des dates à Ramallah, Bir Zeit et Bethlehem – à Jérusalem.

Un autre défi pour les acteurs du Freedom Theatre est de pouvoir entrer en Grande Bretagne pour une seconde tournée du Siège, qui doit se produire en Angleterre et en Écosse en mai et juin de cette année.

Dans ce que les organisateurs ont appelé « la plus grosse tournée jamais effectuée au Royaume Uni par une compagnie de théâtre palestinienne », Le Siège sera joué à Salford, Colchester, Londres, Hastings, Frome, Plymouth, Birmingham, Nottingham, Liverpool et Glasgow.

Mais la compagnie a déjà eu des difficultés pour obtenir des visas d’entrée en Grande Bretagne. En 2014, Nabil al-Raee, son directeur artistique, a eu un refus de visa de la part de l’organisme de contrôle frontalier du Royaume Uni qui est notoirement devenu hostile à l’entrée d’artistes venant de pays arabophones ces dernières années.

Traduction: SF pour l’Agence Media Palestine

Source: Electronic Intifada

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