Des Palestiniens lancent une grève de la faim massive contre la répression en prison

Tamara Nassar – 12 avril 2019

Des Palestiniens participent à une manifestation de solidarité avec les grévistes de la faim dans les prisons israéliennes, le 10 avril à Ramallah, Cisjordanie occupée. Ayat Arqawy APA images

Vendredi, des centaines de prisonniers en étaient à cinq jours d’une grève de la faim massive dans plusieurs prisons israéliennes.

Le 8 avril, 400 Palestiniens ont lancé une grève de la faim massive d’une durée indéterminée en présentant une longue liste de demandes, notamment une amélioration des soins médicaux et des conditions de vie, l’augmentation du nombre de visites familiales ainsi que l’accès à un téléphone public.

Les prisonniers demandent également la fin des mesures de répression imposées par un comité formé depuis peu sous la direction de Gilad Erdan, ministre israélien de la sécurité publique, dans le but d’aggraver les conditions de détention des Palestiniens incarcérés et de réduire leur niveau de vie au « minimum exigé », notamment en imposant le rationnement de l’eau.

La grève, qui se déroule dans les prisons israéliennes de Ofer, Gilboa, Megiddo, Eshel, Ketziot, Rimon et Nafha, a été annoncée il y a des semaines par les dirigeants du Hamas au sein des prisons, le début devant avoir lieu le 9 avril, deux jours avant les élections israéliennes.

Négociations

La grève de la faim a commencé un jour plus tôt que prévu parce que les négociations entre les autorités pénitentiaires israéliennes et les dirigeants des prisonniers prenaient un « tour positif », selon le Club des Prisonniers palestiniens.

Le Service pénitentiaire israélien aurait accepté de supprimer les dispositifs installés en mars et visant à bloquer la réception d’appels téléphoniques dans les quartiers abritant des prisonniers relevant de la « sécurité » afin d’empêcher que les Palestiniens ne communiquent avec le monde extérieur, selon le quotidien israélien Haaretz.

Le journal citait un dirigeant de haut niveau des prisonniers qui a indiqué qu’un prisonnier membre du Hamas avait pu parler à sa famille, ce qui « prouve » que les dispositifs de brouillage ne fonctionnaient pas.

Ce point a été contredit par Erdan, qui a démenti au début de la semaine dans un tweet les informations selon lesquelles le Service pénitentiaire israélien aurait accepté la revendication des prisonniers concernant le retrait des dispositifs.

שבוע טוב. לאור הפרסומים השקריים הפלשתיניים אבקש להבהיר : לא הוקפא מיסוך הסלולר בבתי הכלא הבטחוניים של שב״ס ולא הוצעה שום הקפאה של מיסוך הסלולר!

גלעד ארדן (@giladerdan1) April 6, 2019

La grève de la faim a été lancée malgré des informations selon lesquelles elle était repoussée ou annulée.

L’Égypte joue le rôle de médiateur dans des négociations indirectes visant à mettre un terme à la grève de la faim.

Deux prisonniers de Rimon qui refusent non seulement la nourriture mais également l’eau ont été hospitalisés à l’infirmerie pénitentiaire de Ramle.

Pourquoi les prisonniers sont-ils en grève ?

Les autorités pénitentiaires israéliennes ont commencé à mettre en œuvre le projet d’aggravation des conditions conçu par le comité Erdan en septembre, lorsqu’elles ont mis en place des caméras de surveillance dans la cour de la prison des femmes après une visite d’Erdan.

Pendant des semaines, en signe de protestation, les Palestiniennes ont refusé de sortir dans la cour, le seul lieu extérieur où elles peuvent se rendre.

Les conditions de vie à HaSharon sont très difficiles, les prisonnières étant forcées de passer des heures dans une pièce exigüe et humide, au détriment de leur santé physique et psychique.

À titre punitif, les femmes ont alors été transférées depuis la prison de HaSharon à celle de Damon « caractérisée par son infrastructure ancienne et insuffisante, l’absence d’installations sanitaires correctes, d’intimité et de normes d’hygiène élémentaires » selon Addameer, organisation de défense des droits des prisonniers.

Le Service pénitentiaire israélien a ensuite installé dans la prison de Rimon, au mois de mars, des dispositifs qui bloquent les communications téléphoniques pour empêcher les détenus palestiniens d’entrer en rapport avec le monde extérieur, selon Haaretz, l’intention étant d’étendre ce système à d’autres prisons.

Les Palestiniens de Rimon ont protesté contre cette mesure en mettant le feu à des matelas dans leur cellule. Les autorités pénitentiaires ont alors imposé aux prisonniers des amendes pour un total de 70 000 $, ces sommes devant être confisquées sur les comptes sur lesquels les familles transfèrent des fonds destinés aux frais de cantine de leurs proches incarcérés.

Les forces armées israéliennes ont lancé plusieurs raids violents contre les prisonniers palestiniens, provoquant de nombreuses blessures.

« L’administration pénitentiaire a également confisqué des livres, des affaires personnelles, et réduit la quantité et la qualité de la nourriture », selon Addameer.

Coups de couteau

Ces raids ont été menés après qu’Israël a affirmé que deux gardiens avaient été poignardés à la prison de Ketziot, dans la région du Naqab, dans le Sud, le mois dernier.

Israël a inculpé le prisonnier palestinien Islam Wishahi de « tentative de meurtre » parce qu’il aurait poignardé deux gardiens.

Wishahi, de la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, purgeait les deux dernières années d’une peine de 19 ans d’emprisonnement. Cette peine avait été prononcée par des tribunaux militaires israéliens qui ne respectent pas les droits fondamentaux de la défense.

« Les prisonniers demandent également l’annulation des sanctions infligées à des détenus impliqués dans les émeutes récentes », selon Haaretz, y compris les peines relatives aux coups de couteau supposés.

Des militants palestiniens vêtus de tenues de prisonnier se tiennent dans une prison factice lors d’une manifestation de soutien aux prisonniers en grève de la faim dans les prisons israéliennes, dans la ville de Gaza, le 9 avril.  Mahmoud Nasser APA images

Solidarité

Les Palestiniens de la ville de Naplouse, en en Cisjordanie occupée, ont manifesté jeudi leur solidarité avec les grévistes de la faim:

https://twitter.com/asranews/status/1116325637579509761

وقفة تضامنية أمام مقر الصليب الأحمر بـ #نابلس دعماً وإسناداً للأسرى في #معركة_الكرامة2 pic.twitter.com/CDVlV1e1PC

شبكة قدس | الأسرى (@asranews) April 11, 2019

https://twitter.com/asranews/status/1116311170070261761

وقفة دعم وإسناد في #نابلس مع الأسرى في #معركة_الكرامة2 pic.twitter.com/dzPLM6bfSM

شبكة قدس | الأسرى (@asranews) April 11, 2019

https://twitter.com/asranews/status/1116311170070261761

Ainsi que les Palestiniens des villes occupées de Bethléem et de Ramallah :

« سنحيا كراما« .. اعتصام تضامني مع #الاسرى المضربين عن الطعام في سجون الاحتلال امام مبنى الصليب الاحمر في مدينة بيت لحم.#معركة_الكرامة2 pic.twitter.com/YdH1ImZzCr

أسرى فلسطين (@PalPrisoners) April 11, 2019

#شاهد.. هتافات « أم عناد البرغوثي » خلال وقفة تضامنية مع #الأسرى في مدينة رام الله ، وهي أم لثلاثة أسرى و شقيقة الأسيرىن نائل وعمر البرغوثي #معركة_الكرامة2 pic.twitter.com/ksEb0u9Dqh

أسرى فلسطين (@PalPrisoners) April 11, 2019

Les utilisateurs de médias sociaux expriment leur solidarité au moyen du mot-clé “Bataille de la Dignité 2” en arabe.

La première Bataille de la Dignité a été la grève de la faim massive de 2017, où 1 500 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont refusé de se nourrir pendant une quarantaine de jours.

Tandis que le mouvement actuel se développe, le Service pénitentiaire israélien interdit au responsable emprisonné du Fatah Marwan Barghouti, qui a joué un rôle de pointe lors de la grève de la faim massive de 2017, de recevoir les visites de sa famille ou de son avocat.

Source : The Electronic Intifada
Traduction : SM pour l’Agence Média Palestine

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