Appel de Noël 2018 de Chrétien-ne-s de Palestine (Kairos)

Par Rifat Kassis, Kairos, décembre 2018

Chères sœurs, chers frères,

Kairos Palestine vous salue chaleureusement de la part de tous les chrétiens palestiniens et vous envoie des bénédictions de Noël depuis la ville de naissance de Jésus-Christ, Bethléem.

Bon nombre de nos sœurs et frères chrétiens dans le monde ne sont pas conscients de l’existence de chrétiens palestiniens dans ce pays. Nombreux sont ceux qui pensent que les chrétiens palestiniens se sont convertis au christianisme grâce au travail missionnaire des dernières décennies.

Ce n’est pas vrai !

Les chrétiens palestiniens sont ici depuis le début du christianisme, lorsque Jésus appela ses premiers disciples. Nos ancêtres marchaient avec Jésus-Christ et recevaient son enseignement. La présence de chrétiens dans notre pays n’a jamais été interrompue. Nos aïeux ont réussi à survivre à toutes les périodes sombres de notre histoire.

Aujourd’hui, notre présence ici en tant que Palestiniens chrétiens et musulmans est menacée par la colonisation israélienne de notre pays.

Les chrétiens palestiniens de Cisjordanie se trouvent majoritairement dans le gouvernorat de Bethléem. Ils sont au nombre de soixante mille personnes. On nomme cet endroit « le triangle chrétien » : Bethléem, Beit Jala et Beit Sahour. Ce triangle est au bord de la suffocation et de l’asphyxie – tant pour ce qui est de l’accès à la terre et à l’eau que pour tout ce qui concerne le commerce, la santé, l’éducation, la mobilité et tous les droits afférents – du fait des politiques israéliennes d’occupation qui se manifestent dans l’expropriation des terres, la construction de colonies et le Mur de l’apartheid construit illégalement sur des terres palestiniennes confisquées. De plus, les déplacements forcés et l’isolement ont coupé le triangle et l’ont séparé de son coeur, Jérusalem, au désespoir aussi bien des personnes vivant à Jérusalem que de celles vivant dans la région de Bethléem.

La réalité est sombre sur le terrain ! Aujourd’hui, la ville de Bethléem est entourée sur trois côtés par des colonies et par le Mur. Plus de 18 colonies réservées aux seuls Juifs entourent Bethléem, ce qui représente plus de 100 000 colons juifs. Le Mur de l’apartheid s’étend sur plus de 80 km rien que sur le district de Bethléem, et il n’est pas encore terminé. Il y a environ 30 checkpoints et barrages autour de Bethléem, ce qui limite le mouvement des citoyens et leur rend la vie épouvantable et insoutenable.

Ce qui reste disponible aujourd’hui aux habitants de Bethléem, en termes de logement, loisirs, éducation et commerce, représente moins de 13% de son territoire d’origine.

Le 12 juin 2017, la Coalition nationale d’organisations chrétiennes en Palestine (NCCOP) a publié une lettre ouverte, conjointement avec Kairos Palestine, adressée au mouvement œcuménique mondial. Elle rappelait l’urgence de notre situation et soulignait que notre présence en tant que chrétiens palestiniens dans notre pays est au bord du gouffre. Malheureusement, et pour notre plus grande déception, cette lettre n’a pas eu de grand retentissement.

Cependant, il reste une chance de préserver la présence chrétienne dans ce pays et de résoudre ce conflit paisiblement si, et seulement si, la communauté internationale, y compris les Églises, prend position courageusement en faveur d’une paix juste, en refusant l’impunité d’Israël et en insistant pour qu’Israël se conforme au droit international. En faisant pression sur Israël pour qu’il arrête d’abuser de son pouvoir et accorde aux Palestiniens leurs droits légitimes, vous pouvez faire toute la différence.

Le temps est compté

Mais ensemble, avec votre force, votre solidarité, votre engagement et votre compassion, avec en même temps votre refus courageux, public et solidaire d’accepter toute issue autre que celle qui mettra fin à l’oppression, nous pourrons renverser la situation. Alors, nous pourrons enfin vivre en paix et dans la justice, cette paix à laquelle tous aspirent et qui sera conforme à celle qui a été annoncée pour tous à Bethléem.

Kairos Palestine vous demande instamment de bien vouloir faire les choses suivantes :

1. Distribuez et étudiez dans vos églises des documents sur le contexte de la situation, ainsi que des réflexions théologiques, chaque dimanche de l’Avent afin d’informer et de faire réfléchir votre communauté sur la situation de votre famille palestinienne qui vit sous occupation israélienne.

2. Faites connaître cet Appel de Noël dans toutes les paroisses, les Églises locales et régionales, les diocèses et instances religieuses de votre pays.

3. Envoyez des lettres de solidarité et de soutien pour la justice en Palestine/Israël aux ambassades israéliennes de votre pays. Pour en savoir plus, voir : www.allembassies.com/israeli_embassies.htm

4. « Venez et voyez. » Nous remplirons notre rôle qui est de vous faire connaître la réalité que nous vivons, en vous recevant comme pèlerins – des sœurs et des frères – qui viennent chez nous pour prier et porter un message de paix, d’amour et de réconciliation. Ainsi vous connaîtrez les réalités et les habitants de ce pays, Palestiniens et Israéliens (Document Kairos Palestine – Un moment de vérité 6.2).

5. Agissez concrètement. Soutenez les droits des Palestiniens en soutenant le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre Israël jusqu’à ce qu’il se soumette au droit international et aux résolutions de l’ONU. Défendez le droit des sociétés, des États et des nations à boycotter Israël, comme droit à la liberté d’expression.

6. Informez vos frères et soeurs palestiniens de vos actions suite à l’Appel de Noël en nous écrivant à kairos@kairospalestine.ps. N’hésitez pas à nous contacter pour quelque raison que ce soit. Notre force et notre courage sont renforcés par nos contacts avec vous.

Rifat Kassis a été toute sa vie un défenseur et un militant de l’application effective des droits humains et du droit humanitaire international en Palestine, dans les divers postes professionnels et bénévoles qu’il a occupés. En 1988, il a commencé par travailler pour l’Union chrétienne des jeunes gens (UCJG – YMCA) de Jérusalem-Est en tant que chargé des programmes de réhabilitation en Cisjordanie. En 1995, il a participé à la création du Groupe de tourisme alternatif (ATG). En 1991, il a fondé la première ONG palestinienne indépendante pour les droits de l’enfant, une branche nationale du Mouvement mondial des droits de l’enfant ‘Defense for Children International’ (DCI) basé à Genève. Rifat a présidé DCI-Palestine avant de devenir président de DCI au niveau mondial.

Source: Kairos Palestine

 

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