EN IMAGES : Gaza vue par Mahmoud Hams, lauréat du Prix photo Bayeux-Calvados

Le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre a été décerné, samedi, à la photo du Palestinien  de l’Agence France-Presse

Déjà récompensé en 2007 à Bayeux du prix photo et du prix du public, le photographe de l’AFP, Mahmoud Hams, 38 ans, se voit à nouveau attribuer le Prix Bayeux-Calvados photo pour « Clashes on Gaza’s border » (affrontements à la frontière avec Gaza), réalisé dans une zone « d’accès très difficile et très dangereux ».

Gaza fait partie de ces « lieux à couvrir sans endroit pour se protéger », a souligné Thomas Coex, chef de la couverture photo pour Israël et les territoires occupés palestiniens à l’AFP.

Au moins 205 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le 30 mars, la plupart lors de protestations le long de la frontière.

https://www.facebook.com/mahmud.hams/posts/10155852560651485

Traduction : « Je remercie beaucoup tous les frères, amis et collègues qui m’ont envoyé leurs félicitations à l’occasion de ce prix, et je souhaite la réussite à tous », écrit Mahmoud Hams

La photo primée montre Saber al-Ashqar, 29 ans, lançant des pierres sur les soldats de l’armée israélienne le 11 mai 2018, lors des manifestations de la Grande marche du retour. 

Amputé des deux jambes, ce jeune Gazaoui devient vite un symbole. Il a perdu ses jambes suite au bombardement par Israël d’un atelier de ferronnerie en 2009 dans le quartier d’Az-Zaytoun à Gaza. 

Saber al-Ashqar, un symbole

Son image rappelle celle d’Ibrahim Abou Thoraya, amputé des deux jambes, lui aussi suite à un tir d’un hélicoptère israélien en avril 2008, qui a ciblé le camp gazaoui de Bureij. Abou Thoraya sera tué par un sniper de l’armée israélienne à l’est de la bande de Gaza le 15 décembre 2017, « jour de colère », lors des manifestations dénonçant la décision de Donald Trump d’instituer Jérusalem comme capitale d’Israël.

Sur son compte Facebook, Saber al-Ashqar a annoncé qu’il poursuivait sa lutte en manifestant contre l’occupation israélienne. 

https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=315689789248287&id=100024218049816

Traduction : « Que Dieu m’honore par le martyr pour la patrie. Vendredi prochain, attendez-nous avec des surprises à Malekah [à l’est de Gaza] »

Vendredi 12 octobre, sept Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens lors de manifestations, a affirmé le ministère gazaoui de la Santé. Quatre des victimes ont perdu la vie à l’est du camp de réfugiés de Bureij, et trois autres à l’est de la ville de Gaza et près de Rafah (sud), selon le ministère. Les sept hommes étaient âgés de 17 à 29 ans. 

« Cette sélection est un appel aux armes » journalistiques, à un moment « très sensible » pour la profession « en danger », y compris en Occident, a souligné Christiane Amanpour, journaliste vedette de CNN et présidente du jury du Prix Bayeux-Calvados. 

La profession « en danger »

Lors des manifestations de la Grande marche du retour ce printemps, au moins deux journalistes palestiniens ont été tués par des tirs israéliens : Ahmed Abou Hussein et Yasser Murtaja. Plusieurs journalistes, photographes ou caméramans ont été aussi blessés. Notamment un collègue de l’AFP du lauréat du Prix Bayeux-Calvados, Mohamed Abed al-Baba, touché à la jambe par une balle alors qu’il se trouvait à environ 200 mètres de la frontière à l’est de Jabaliya (nord), revêtu d’un gilet « PRESSE ».

Témoignage brut du conflit et des tensions entre l’enclave palestinienne et Israël, les photographies du Gazaoui Mahmoud Hams n’oublient pas de restituer le quotidien de sa société. 

Entre désespoir et énergie de survivre, ces clichés nous plongent dans une situation exceptionnelle, celle d’une grande prison à ciel ouvert où chacun tente de donner un sens à sa vie.

Source : Middle East Eye

 

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