La colère mondiale envers Trump donne une ligne d’action claire aux Palestiniens

Par Haidar Eid, le 9 Décembre 2017

 

Une colonie israélienne s’étend à droite du mur israélien de séparation, à Jérusalem Est, séparant un quartier palestinien à gauche des autres quartiers palestiniens de la région. (Photo: Eoghan Rice)

Le président des Etats-Unis Donald Trump a pris la décision de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël. Oubliez le droit international, l’ONU et les résolutions du Conseil de Sécurité, la réaction des Arabes et des Musulmans ! Le président des Etats-Unis d’Amérique n’en a rien à faire. Si le monde n’est pas d’accord, il peut bien aller se taper la tête contre le Mur des Lamentations !

Qu’est-ce que Jérusalem?

Jérusalem c’est Zarnouqa, le village dont un nettoyage ethnique chassa ma famille ainsi que des milliers d’autres villageois en 1948 afin de faire de la place pour les Juifs ashkénazes d’Europe de l’Est, un état purement juif, comme celui de l’Apartheid d’Afrique du Sud et d’autres colonies, du genre qui ne te donne pas la citoyenneté à moins que tu ne sois né d’une mère juive.

Hélas, ma mère n’était pas juive et, par conséquent, on s’attend à ce que je vive dans un camp de réfugiés, que j’accepte ma condition inférieure, et que je n’envisage jamais de prier dans l’un des lieux les plus saints de l’Islam, du Christianisme ou du Judaïsme.

Le président Trump croit, en toute sincérité, que nous sommes né.e.s biologiquement différent.e.s et que, par conséquent, certain.e.s d’entre nous n’ont pas le droit d’exister et de survivre sur ce morceau de terre, sauf si nous choisissons d’être esclaves et de leur en être reconnaissant.e.s !

Que devons-nous faire ?

Premièrement, nous ne devons pas chercher le consentement des Israéliens sionistes. Plus de 23 ans de négociations, comme ceux d’ Oslo, ne nous ont menés à rien. Ces soi-disant négociations ont à l’inverse prolongé l’occupation et donné à Israël toutes les opportunités de rendre impossible l’établissement ne serait-ce que d’un semi-bantoustan.

En fait, nous voulons faire en sorte d’isoler Israël, par la résistance et en exigeant que la communauté internationale applique les résolutions de légitimité internationale, et qu’elle oblige Israël à répondre à ces décisions internationales. Par conséquent, nous ne devons pas prendre en compte les exigences du colonisateur car, malheureusement, elles sont pires que celles des Blancs d’Afrique du Sud pendant l’apartheid. Elles finiront par nous mener à l’élimination totale de la population indigène de Palestine. C’est un processus de nettoyage ethnique systématique qui se déroule depuis 1948.

Nous devons donc faire de ce moment notre tournant sud-africain en intensifiant le #BDS. Nous devons transformer cette colère mondiale en un plan d’action qui prenne pour flambeau vers la paix et la justice en Palestine, le Boycott, Désinvestissement et Sanctions.

Il est temps de se débarrasser de la solution raciste à deux états, de renoncer aux Accords d’Oslo, et d’inventer une alternative démocratique, une alternative qui ne nie pas l’humanité des habitants de la Palestine historique en dépit de leur religion, de leur race ou de leur genre !

On ne s’attend pas à ce que le président Trump soit d’accord avec ces idéaux démocratiques, mais qui s’en soucie ? N’était-ce pas pour ces idéaux que Nelson Mandela était prêt à mourir, comme il l’a très clairement fait savoir lors du Procès de Rivonia ? Nous sommes 12 millions de Mandela en Palestine.

 

Haidar Eid est professeur associé de littérature postcoloniale et postmoderne à l’université Al Aqsa de Gaza. Il a largement écrit sur le conflit arabo-israélien, y compris des articles publiés dans Znet, Electronic Intifada, Palestine Chronicle, et Open Democracy. Il a publié des articles sur la littérature et les études culturelles dans de nombreux journaux, dont Nebula, Journal of American Studies en Turquie, Cultural Logic, et le Journal of Comparative Literature.

Source : Mondoweiss

Traduction : LG pour l’Agence Média Palestine

 

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