Israël arrête des responsables communautaires pour réprimer les manifestations sur Jérusalem

Par Tamara Nassar – 16 décembre 2017

 

Des soldats israéliens arrêtent un Palestinien le 16 décembre près du checkpoint de Huwwara, au sud de Naplouse en Cisjordanie occupée. Israël en a emprisonné des centaines dans le cadre d’une violente répression engagée pour réprimer les manifestations contre la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël. (Ayman Ameen / APA images)

 

Les forces israéliennes ont intensifié leur campagne radicale d’arrestations de Palestiniens en Cisjordanie occupée, dont Jérusalem Est, en détenant des centaines de personnes depuis que le président des Etat Unis Donald Trump a reconnu, le 6 décembre, Jérusalem comme capitale d’Israël.

Les forces d’occupation israéliennes ont arrêté 400 Palestiniens au cours des seuls mardi et mercredi dans une répression qu’Israël a baptisée « Opération Chandelles Vertes ».

Les médias israéliens ont rapporté qu’il s’agissait d’une des plus importantes campagnes d’arrestations massives de ces dernières années, impliquant 1.600 membres des forces d’occupation.

Alors qu’Israël a intensifié ses violents efforts pour réprimer les manifestations palestiniennes à propos de Jérusalem, ses forces poursuivent « une campagne concertée d’arrestations », affirme l’association de défense des droits des prisonniers Addameer.

La campagne d’arrestations a ciblé « d’ex-détenus et des individus considérés comme des personnages importants de leur communauté », a déclaré Addameer.

On note l’arrestation lundi dernier de Khader Adnan, ancien détenu qui a précédemment entrepris deux grèves de la faim prolongées – 66 jours en 2012 et 55 jours en 2015 – pour protester contre sa détention sans charges ni procès par Israël.

Adnan a immédiatement entamé une grève de la faim pour protester contre sa dernière arrestation, selon l’association Samidoun de solidarité avec les prisonniers.

Les soldats israéliens ont également arrêté mercredi Hassan Yousef, membre du Conseil Législatif palestinien.

Yousef avait été libéré le 31 août après avoir été maintenu sous la dite détention administrative – sans charges ni procès – pendant deux ans.

Il est l’un des douze députés actuellement détenus dans les prisons israéliennes, neuf d’entre eux l’étant sous détention administrative, selon Addameer.

Les forces israéliennes ont transféré cette semaine à l’isolement le leader palestinien Marwan Barghouti – lui aussi membre du Conseil Législatif palestinien – après qu’il ait fait une déclaration pour commémorer la première intifada, dont c’est le trentième anniversaire ce mois-ci.

Parmi les détenus se trouve Khalida Jarrar, elle aussi membre du conseil d’administration d’Addameer. Elle a été arrêtée en juillet et est détenue sans charges depuis.

 

Le ciblage des défenseurs des droits de l’Homme

Dans le cadre de l’intensification actuelle de sa campagne d’arrestations, Israël a également ciblé les avocats qui défendent les prisonniers palestiniens.

Le 4 décembre, il a arrêté trois avocats, dont Eyad Messk qui représente Raed Salah, éminent leader politique en Israël. Israël a aussi arrêté Khaled Zabarqa et Feras al-Sabbah, qui travaillent avec les associations de défense des prisonniers et des droits de l’Homme.

Selon Addameer, ces avocats ont été retenus une semaine au centre d’interrogatoire israélien de Petah Tikva avant d’être relâchés lundi.

A propos de ces arrestations, Addameer a dit : « Les forces israéliennes ciblent régulièrement les défenseurs des droits de l’Homme dans le cadre de l’intensification d’une campagne contre quiconque cherche à faire avancer la cause de la dignité et de la justice pour le peuple palestinien. »

En août, Israël a arrêté Salah Hamouri, défenseur des droits de l’Homme franco-palestinien et ancien détenu qui travaille pour Addameer.

Lui aussi reste en prison malgré les protestations des citoyens français et du gouvernement français.

Mais le 7 décembre, Israël a libéré le coordinateur des médias d’Addameer, Hassan Safadi, emprisonné pendant plus d’un an et demi. Il n’a jamais été inculpé.

 

Sans limites

Comme le montre cette vidéo et d’autres, les forces israéliennes ont même arrêté des personnes blessées et transportées par du personnel médical.

 

 

Dans cet incident, les forces israéliennes ont arrêté mercredi, à Hallul au nord d’Hébron, une ambulance du Croissant Rouge et en ont retiré de force deux filles.

Les deux filles, à qui on a refusé les soins médicaux, étaient Manar Khader Rayan, 17 ans, blessée par une balle enrobée de caoutchouc, et Assalah Yousef Rayan, 17 ans, a rapporté Addameer.

Un troisième enfant de 13 ans, Muhassen Taha, a également été arrêté au cours du même raid.

Des vidéos et des photos montrent clairement des Israéliens armés déguisés en Palestiniens – ainsi appelés mistaravim – pointant leurs armes sur des journalistes et attrapant des Palestiniens au milieu des manifestations.

Une autre vidéo, publiée par l’association de défense des droits de l’Homme B’Tselem, a largement circulé sur les réseaux sociaux. Elle montre des soldats israéliens essayant mardi d’arrêter trois jeunes Palestiniens, tous ayant moins de 8 ans.

 

 

Hier, la Police israélienne des Frontières a essayé de traîner dans une jeep 3 enfants palestiniens (âgés de 7 à 8 ans) qui jouaient près de chez eux. L’arrestation et la détention de mineurs palestiniens par les forces israéliennes, qui utilisent souvent la violence et les injures verbales, font partie de la routine de l’occupation.

 

Des milliers de personnes honorent le manifestant invalide tué à Gaza

Vendredi, quatre Palestiniens ont été tués et des centaines blessés en Cisjordanie occupée et dans la Bande de Gaza alors qu’Israël réprimait les manifestations continues depuis que Trump a reconnu Jérusalem comme capitale du pays.

Parmi eux se trouvait Ibrahim Abu Thurayya, 29 ans, en fauteuil roulant depuis qu’il avait perdu ses deux jambes pendant l’attaque d’Israël sur le Bande de Gaza en 2008.

On l’avait vu participer aux manifestations près de la frontière orientale de Gaza avec Israël, agitant des drapeaux israéliens. Abu Thurayya, qui faisait vivre une famille de 11 personnes en lavant des voitures, a été abattu par des soldats israéliens par une balle dans la tête.

Samedi, des milliers de personnes ont suivi ses funérailles.

 

Source : The Electronic Intifada

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

 

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