Palestiniens de Jérusalem : le geste de Trump n’est pas une surprise

 

Par Ibrahim Husseini, le 6 Décembre 2017

 

Jérusalem Est occupée – Pas de choc, pas de surprise et pas de complaisance.

C’est ce qui semblait être l’ambiance dans les rues de Jérusalem Est ce mercredi, quelques heures avant l’annonce du président Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, et de dévoiler le projet de déplacer l’ambassade étatsunienne dans la ville.

Dans les rues agitées de Salah Eddin et Az-Zahra, dans le centre de Jérusalem Est, les Palestinien.ne.s se sont rendu.e.s au travail comme d’habitude.

Interviewé.e.s par Al Jazeera, beaucoup disent ne pas être étonné.e.s par le projet hautement controversé de Trump. Ils disent avoir le sentiment que leur destin et leur futur sont décidés par des puissances étrangères, tandis que d’autres accusent l’Autorité Palestinienne (AP) de la situation actuelle.

Nous avons rassemblé ici plusieurs points de vue depuis les rues de Jérusalem Est.

Thaer Mitwali, 30 ans, étudiant en cinéma

[Ibrahim Husseini/Al Jazeera]

Bien sûr, je ne suis pas surpris. Qu’est-ce que Jérusalem signifie pour l’AP ? Ils ne soutiennent pas Jérusalem que ce soit financièrement, culturellement ou dans le domaine de l’éducation.

Le problème c’est la négligence des politiciens. Pour eux, Ramallah est la capitale.

Rania Elias, directrice du Centre Culturel Yabous

[Ibrahim Husseini/Al Jazeera]

Honnêtement, je suis surprise de voir que l’on peut être choqué de la position des États-Unis, qui n’ont jamais été un médiateur dans aucun processus de paix. Ils ont toujours fait partie du conflit ici, et dans le monde arabe,  maintenant c’est devenu clair pour ceux qui étaient aveugles sur le rôle de l’Amérique.

Les dirigeants palestiniens à ce stade doivent avancer avec le processus d’unité, arrêter tout rapport avec les Américains et mettre fin à toute forme de négociations [avec Israël].

La seule chose qui pourrait nous renforcer est de résister pour mettre fin à l’occupation. Nous avons perdu espoir dans le monde arabe, en commençant par la position de l’Arabie Saoudite. Nous devons chercher d’autres pays, comme la Russie et la Chine.

Imad Muna, 50 ans, propriétaire d’une librairie-café

[Ibrahim Husseini/Al Jazeera]

Trump peut déclarer Jérusalem Ouest capitale d’Israël … ce ne serait pas dérangeant. Mais s’il déclare Jérusalem, dans sa totalité, capitale d’Israël, alors nous aurons un problème avec l’administration américaine.

Si les États-Unis reconnaissent Jérusalem Ouest comme capitale de l’État juif et, qu’en échange, Jérusalem Est était [déclarée] capitale de l’État palestinien … alors laissons-les faire. Mais toute autre solution serait un problème et je pense que la rue palestinienne et le gouvernement palestinien devraient y réagir.

Husam Ghosheh, 28 ans, travaille dans le théâtre

[Ibrahim Husseini/Al Jazeera]

Les États-Unis ne sont plus un médiateur… ils se sont transformés en ennemi.

Le moins que l’on puisse faire est de manifester devant les ambassades étatsuniennes du monde et des  pays arabo-musulmans qui soutiennent la cause juste des Palestiniens, et s’impliquer dans des actions populaires à tous les niveaux.

Shahd Yasin, 28 ans, coordinatrice de projet au Théâtre Ishtar

[Ibrahim Husseini/Al Jazeera]

Personne ne peut s’étonner de la politique étatsunienne. Trump s’est retrouvé dans une situation où il doit apaiser le lobby sioniste, c’est pour ça, je pense, qu’il croit devoir leur offrir quelque chose de gros.

Personnellement, ça ne me fait pas beaucoup réagir parce que je ne pense pas que ça va avoir un gros effet. Je veux dire, qu’est-ce qui va changer ?

Laissons les Américains déclarer ce qu’ils veulent. Pour moi, Jérusalem est la capitale de la Palestine et elle nous appartient.

Malgré toutes les tentatives d’Israël de judaïser la ville, notamment en donnant des noms hébreux aux rues, ils comprendront à la fin que rien ne peut changer l’identité arabe et palestinienne de cette ville, ni affecter la conscience de son peuple.

Bien sûr, j’en veux à l’AP parce que c’est le parti qui s’est incliné et qui nous donne constamment l’air d’être faibles, mais je ne crois pas que quelque chose comme ça ait pu être envisagée sans l’accord de l’Arabie Saoudite et de l’Égypte.

Je ne sais pas ce que l’AP peut faire. Je ne la vois pas comme un facteur influent puisqu’ils sont le parti le plus faible.

Traduction: L. GR pour l’Agence Média Palestine

Source: Al Jazeera.com

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