« Les dissidents comme moi dépendent de Mondoweiss »: un Israélien décrit ce qu’est défier l’apartheid de l’intérieur

Par Ofer Neiman, 8 juillet 2017

 

Un militant israélien rejoint des Palestiniens à une veillée aux chandelles dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, pour protester contre l’expulsion de familles palestiniennes de leur foyer. Photo: Mahfouz Abu Turk/APA Images

 

 

Voici un coup d’œil sur la vie à l’intérieur de la société israélienne – une culture qui ne tolère aucune dissidence. Il y a quelques années, j’enseignais un cours dans une école d’ingénieurs au centre d’Israël. Le contenu était exclusivement technique, donc bien entendu il n’était jamais question de politique. Mais, une semaine, j’ai remarqué que très peu d’étudiants étaient présents. Et l’un d’entre eux affichait un béret militaire – très inhabituel pour quelqu’un ne portant plus l’uniforme.

 

Ensuite, ils cessèrent complètement de venir. Et lorsque mon évaluation de la part des étudiants arriva à la fin du semestre, l’un d’eux avait été assez audacieux pour écrire « Ce type est contre Israël, donc j’ai cessé d’aller en cours ».

 

J’ai compris que les étudiants avaient probablement appris quelque chose à mon sujet sur les pages Facebook qui postent des photos de « traîtres ».

Tant les absences que le béret des Forces de défense israéliennes étaient censés m’envoyer un message : si je ne voulais pas suivre la ligne de l’idéologie suprématiste, je ne pouvais pas faire partie de la société israélienne.

 

Cette sorte d’ostracisme est standard pour les citoyens israéliens qui réalisent que notre régime pratique le colonialisme, l’apartheid et même un génocide lent (Gaza). Et ce sentiment d’isolement absolu est la raison pour laquelle j’écris afin de vous inciter à soutenir Mondoweiss aujourd’hui.

 

Le camp anti-apartheid en Israël est simplement beaucoup trop petit. Donc nous avons désespérément besoin de communiquer avec le monde extérieur. Et à ceux qui cherchent la justice et la pleine égalité en Palestine/Israël, Mondoweiss donne de la force, via des informations, des commentaires et des signalements sur les actions.

 

Ces dernières années, les principaux médias israéliens se sont montrés de plus en plus actifs à cibler des dissidents israéliens spécifiques et à les étiqueter comme des “ennemis du peuple ». Par exemple, le puissant canal d’information Yedioth Aharonoth a lancé une croisade contre BDS. Ils ont même organisé l’an dernier, en partenariat avec le gouvernement israélien, une conférence de propagande anti-BDS. Les conférenciers ont menacé le mouvement BDS et les Israéliens qui le soutiennent.

 

Prenez aussi le cas de l’actrice Einat Weizman, qui soutient BDS et le parti Balad ; elle a été vilipendée par les politiciens israéliens et s’est retrouvée sur la liste noire des principaux théâtres, oh-si-tolérants et libéraux, d’Israël. Pour essayer de contrer de telles campagnes de haine orchestrées, les dissidents comme moi dépendent de Mondoweiss. 

Le projet colonial israélien, dans le style du 19e siècle, a commencé trop tard dans l’histoire et atteint un cul-de-sac dans notre 21e siècle interconnecté globalement. À long terme, Israël ne pourra pas empêcher le monde d’en savoir trop sur Israël. Les jeunes Juifs de la diaspora, tout particulièrement, vont s’éloigner du sionisme. Néanmoins, Israël s’efforce à tout prix de supprimer l’information sur ses crimes. L’armée israélienne et les colons ont recours à des harcèlements mesquins, à des menaces, ou à la violence physique contre ceux qui documentent les crimes israéliens. Les rapports de Mondoweiss sur ces événements sont essentiels pour la protection des journalistes citoyens et des défenseurs des droits humains.

 

Mondoweiss a aussi couvert la hasbara, les techniques qu’Israël et ses défenseurs utilisent pour essayer de contrôler le discours public. Depuis la carte de l’anti-sémitisme aux Mais-qu-en-est-il-eries (“Mais qu’en est-il de la Syrie? Mais qu’en est-il de la Chine? Pourquoi choisir Israël?”), ou au shtick [truc] sioniste libéral nuancé en apparence (“C’est compliqué”), nous sommes confrontés à des tentatives pour réduire au silence toute conversation significative sur la Palestine et Israël.

 

Mondoweiss a aidé des militants à défier d’importants pourvoyeurs de l’idéologie libérale sioniste. Ha’aretz, par exemple, est vénéré pour ses chroniqueurs Gideon Levy et Amira Hass, mais sa ligne éditoriale n’a jamais approuvé la pleine égalité pour le peuple palestinien. Ha’aretz ne couvre pas le petit mouvement israélien anti-apartheid pour éviter d’être associé à « la gauche délirante » – une expression péjorative utilisée même par les sionistes libéraux contre les avocats de la pleine égalité. Et Ha’aretz applique constamment l’étiquette toxique et diffamatoire de “terroristes” aux Palestiniens qui attaquent les forces armées israéliennes en territoire occupé.

 

Fournir une alternative aux médias occidentaux sur le sujet de la Palestine et d’Israël est peut-être la plus grande contribution de Mondoweiss. Grâce à James North, Phil Weiss et d’autres à Mondoweiss, nous savons à quel point le blanchiment des crimes israéliens par New York Times a été insidieux. Et grâce à la persévérance obstinée de Mondoweiss à couvrir les nouvelles, ses lecteurs ont l’information qui est réduite au silence ailleurs.

Je suis allé à des douzaines de manifestations en Israël/Palestine et le seul dommage physique dont j’ai souffert a été une sensation de brûlure de quelques secondes lorsqu’une grenade assourdissante a heurté ma jambe à une occasion. J’ai fini par développer une sorte de burn-out à propos des manifestations et j’ai cessé d’y aller. Ce qui est douloureux est de savoir que les Palestiniens combattant l’apartheid israélien ne peuvent pas se déconnecter de cette manière. Les Palestiniens que je connais ont eu l’expérience de la détention, des tabassages, des démolitions de leurs maisons et même pire. Je vous demande instamment de soutenir Mondoweiss, car c’est l’une des rares institutions qui force le monde à reconnaître l’injustice jour après jour.

 

Mondoweiss a facilité les échanges iconoclastes sur la Palestine, Israël et le sionisme. Mondoweiss a rendu possible de discuter sérieusement le lobby israélien, en distinguant les odieuses théories du complot « des banquiers Rothschild” des faits réels sur les forces sionistes juives (et chrétiennes !) dans la politique américaine.

 

Mondoweiss a offert une plateforme à des voix palestiniennes essentielles. Mondoweiss a aidé à changer le discours en Amérique. Pour résumer, le journalisme de Mondoweiss fait une différence. Merci de me rejoindre pour soutenir Mondoweiss.

 Traduction: Catherine G. pour l’Agence Média Palestine

Source: Mondoweiss

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