La fureur d’Israël face à la rebuffade de l’UNESCO vis-à-vis de ses prétentions sur Hebron

Par Charlotte Silver, le 7 juillet 2017

Israël tente d’utiliser la référence juive à la mosquée d’Abraham à Hebron comme prétexte pour réclamer la souveraineté sur l’ensemble de la ville de Cisjordanie occupée. Photo: Najeh Hashlamoun APA images

Israël a réagi avec fureur devant les deux résolutions adoptées par  l’UNESCO, l’organisation culturelle des Nations Unies,  reconnaissant la Vieille Ville d’Hébron et la mosquée d’Abraham, en Cisjordanie occupée, comme sites du patrimoine palestinien en danger.

Douze États du Comité du patrimoine mondial ont voté en faveur des résolutions et trois ont voté contre. Six se sont abstenues.

La signification de ce vote est que la vieille ville d’Hébron et la mosquée d’Abraham, l’endroit où un colon juif américain a massacré 29 Palestiniens en 1994, seront inscrites comme Patrimoine Mondial Palestinien sur la liste de l’UNESCO.

Ces deux sites sont désormais considérés en danger, ce qui veut dire que le Comité du patrimoine en danger de l’UNESCO se réunira chaque année pour en évaluer l’état.

Environ 800 colons israéliens se trouvent dans la vieille ville d’Hébron où ils se déplacent librement sous la protection de l’armée, tandis que des milliers de Palestiniens sont soumis à une rude autorité militaire, à des barrages et à des checkpoints.

Imitation de Trump

Israël, avec le soutien des États Unis, a essayé de rassembler assez d’États membres pour contrer les résolutions.

Mais, leur effort ayant été vain, les dirigeants israéliens ont réaffirmé la revendication d’Israël sur la Cisjordanie occupée.

Imitant apparemment le style du président Donald Trump, le porte parole du ministère israélien des affaires étrangères a tweeté une attaque contre l’UNESCO : « Cette organisation inutile promeut de L’HISTOIRE FICTIVE».

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui a appelé cette décision « surréaliste », a immédiatement annoncé qu’Israël retirerait un million de dollars de plus de sa contribution de membre des Nations Unies, disant que les fonds seraient employés à créer un musée du patrimoine juif à Kiryat Arba, la colonie où vivait Baruch Goldstein, le colon qui a perpétré le massacre de 1994.

«Cette fois-ci, ils ont décidé que le Tombeau des Patriarches de Hébron est un site palestinien, donc non juif, et qu’il est en danger » a dit Netanyahou. Il a poursuivi en faisant la liste des noms des personnalités bibliques dont les Juifs pensent qu’elles sont enterrées là.

Le Tombeau des Patriarches est le nom utilisé par Israël pour désigner la mosquée d’Abraham.

Netanyahou, comme le font toujours les représentants d’Israël, confond le judaïsme  avec le contrôle israélien. Il n’y a évidemment pas de contradiction entre le fait qu’un site soit palestinien et qu’il soit révéré par des Musulmans, des Chrétiens, des Juifs ou d’autres.

Après le vote, Elias Sanbar, le représentant de l’Autorité Palestinienne à l’UNESCO, a dit que la résolution reconnaissait simplement que la mosquée est située en territoire palestinien.

« La Palestine n’a pas inscrit une religion sur la liste du Patrimoine Mondial » a dit Sanbar. « La religion ne peut être inscrite sur une telle liste, c’est seulement quelque chose qui peut être ressenti, une chose pour laquelle nous pouvons combattre ».

Sanbar a reconnu que la Palestine inclut des terres « qui sont sacrées pour les trois religions monothéistes ».

Déni de l’existence palestinienne

À la suite du vote, un représentant du centre Simon Wiesenthal, un groupe de lobby israélien basé à Los Angeles, a prétendu que depuis l’admission de la Palestine à l’UNESCO en 2011, les Palestiniens s’étaient servi du « patrimoine pour faire la guerre sous d’autres formes ».

En fait, c’est Israël qui a sans cesse essayé de faire usage de la référence juive à propos de divers sites de Cisjordanie occupée, en particulier à Jérusalem, comme prétexte dans la tentative d’affirmer la souveraineté d’Israël sur ces sites.

Comme on pouvait le prévoir, des représentants israéliens ont tenté de faire passer pour de la discrimination la rebuffade internationale contre leurs efforts patents pour affirmer leur souveraineté sur le territoire occupé.

Le ministre de la défense, Avigdor Lieberman, a qualifié le vote de l’UNESCO « d’antisémite ».

« Aucune décision de cette organisation inutile ne portera atteinte à notre droit historique sur le Tombeau des Patriarches ni à notre droit sur le pays » a ajouté Lieberman, indiquant ainsi le plus clairement possible qu’Israël ne reconnaît pas l’existence palestinienne, et encore moins son autodétermination en Cisjordanie ni où que ce soit dans la Palestine historique.

Lieberman a exhorté les États Unis à les aider à assurer que leur financement de  l’UNESCO soit bien annulé.

Mensonges et distorsions

Riad Malki le ministre des affaires étrangères de l’Autorité Palestinienne a qualifié le vote de victoire diplomatique.

« En dépit d’une campagne israélienne frénétique qui répand des mensonges et déforme les faits quant aux droits des Palestiniens, le monde a reconnu notre droit à enregistrer Hébron et la mosquée d’Abraham sous la souveraineté palestinienne » a déclaré Malki.

Israël et les États Unis, qui ont ouvertement dénoncé la résolution, avaient appelé à un vote secret, pour permettre aux États membres de voter « sans payer un prix politique » selon Haaretz.

L’UNESCO a seulement permis que le vote soit « partiellement secret », c’est à dire que les États membres ne soient pas tenus de révéler comment ils votaient, mais le vote n’a pas eu lieu derrière un écran.

Le vote est intervenu au cours de la réunion annuelle du Comité du Patrimoine Mondial qui a lieu en ce moment à Cracovie en Pologne.

Auparavant, dans la semaine, le comité a approuvé une résolution qui réaffirme qu’Israël occupe Jérusalem Est et appelle son annexion « nulle et non avenue ».

Cette résolution réaffirme aussi l’importance de la Vieille Ville de Jérusalem pour les trois religions monothéistes.

Traduction: SF pour l’Agence Media Palestine

Source: Electronic Intifada

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