Lonely Planet efface l’occupation israélienne du Golan syrien

 

Par Al-Marsad, The Electronic  Intifada, 26 avril 2017

Le site internet de Lonely Planet met en valeur des sites en Cisjordanie et dans les Plateaux du Golan occupés comme “Les meilleures expériences en Israël.”

Pourquoi Lonely Planet – éditeur du célèbre guide de voyage – a-t-il effacé l’occupation israélienne des Plateaux du Golan syrien ?

Depuis la Guerre de 1967, 66% du Golan syrien – un territoire un peu plus petit que le Grand Londres – sont occupés militairement par Israël.

Ses terres montagneuses, ainsi que ses forêts et rivières en font une zone d’une extraordinaire beauté naturelle, abritant une flore et une faune variées, dont une espèce de loup n’existant que dans la région. De ce fait, il n’est pas étonnant que le Golan ait attiré un grand nombre de touristes israéliens depuis son occupation.

En effet, le Golan est depuis longtemps mis en avant par le gouvernement israélien et l’industrie du tourisme, qui le présentent comme “le Nord Israël,” l’appelant même le “Texas israélien”, en référence à sa taille. En 1968, un an après l’occupation, la région reçu 150 000 visiteurs. En 2005 ce chiffre avait atteint environ 1,5 million de personnes.

Par conséquent, le tourisme représente une part majeure de l’économie coloniale israélienne dans le Golan. Les activités proposées comprennent randonnées, camping, vélo, promenades à cheval, dégustations de vin et cueillettes de fruits, pour en citer quelques unes parmi tant d’autres. Une large gamme d’hébergements est proposée aux visiteurs sur les sites de voyage, dont “des chambres d’hôtes rurales,” des hôtels de charme, des chalets, des bed and breakfasts et des campings. Ces activités et hébergements se trouvent presque tous dans les colonies ou appartiennent à des colons.

Mise en avant du tourisme dans les colonies

Le droit international est clair sur le fait que le Golan ne fait pas partie d’Israël et que les colonies israéliennes sont illégales. Cependant, étant donné l’expansion permanente et les efforts d’Israël pour consolider son emprise sur le Golan, il n’est pas étonnant que le gouvernement et l’industrie du tourisme vendent le Golan comme le “Nord Israël” et fassent la promotion des activités de tourisme dans les colonies israéliennes.

Les entreprises internationales de voyages comme Lonely Planet, Booking.com et Airbnb – entre autres – décrivent, elles aussi, à tort, le Golan comme faisant partie d’Israël et font la promotion d’hébergements et d’activités de tourisme dans les colonies israéliennes illégales.

Lorsque des membres d’Al-Marsad, une association pour les droits humains dans le Golan occupé, sont tombés sur le site internet de Lonely Planet l’année dernière, ils furent choqués de découvrir que Majdal Shams, le plus important des cinq villages syriens restant sur le territoire, était considéré comme étant en Israël.

Les membres d’Al-Marsad obtinrent une copie du guide de voyage – Israël & les Territoires Palestiniens – et découvrirent que la présentation du Golan était encore pire. Le Golan y apparait dans un chapitre commun avec la Haute Galilée, en Israël – “Haute Galilée & Golan” – figurent seulement deux paragraphes sur son histoire et aucune information actualisée sur son occupation par Israël.

Il n’est pas expliqué que le Conseil de Sécurité des Nations Unies condamne l’annexion unilatérale du Golan par Israël en 1981 comme acte illégal selon le droit international, position réaffirmée par l’Assemblée Générale de l’ONU chaque année. De plus, il n’est pas fait mention des violations des droits humains subies par la population indigène syrienne restante, et qu’au moins 23 000 colons israéliens vivent dans 34 colonies illégales.

Au contraire, de nombreux restaurants, activités et hébergements recommandés dans ce chapitre et sur le site internet sont situés dans ces colonies israéliennes illégales ou, comme Lonely Planet les décrit : “petites communautés de classe moyenne.”

L’une des activités proposées est le ski sur le Mont Hermon – “la seule station de ski d’Israël” – après quoi les visiteurs pourront séjourner à Neve Ativ, décrit comme “ce qu’Israël a de plus ressemblant à un village des Alpes suisses.”

Bien que les visiteurs potentiels soient aimablement prévenus par Lonely Planet qu’à Neve Ativ “les prix [des bed and breakfast] augmentent en hiver à cause des frais de chauffage,” il n’est pas fait mention que Neve Ativ est une colonie israélienne illégale construite sur les ruines du village syrien de Jubata al-Zeit.

Jubata al-Zeit a été victime du développement du Mont Hermon, un projet du début de l’occupation israélienne du Golan. A la suite de la recommandation de l’Autorité des Réserves Naturelles d’Israël en Janvier 1968 – juste six mois après la guerre de 1967– stipulant que la neige sur cette montagne en fait un “site unique pour les citoyens d’Israël,” Un nouvel organisme gouvernemental, l’Autorité d’Hermon, fut établi, sous juridiction militaire et des plans furent amorcés pour le développement d’une station de ski.

Ceci impliquait la destruction of Jubata al-Zeit, le principal village syrien sur les flancs de la montagne, dont au moins 1 500 habitants furent transférés de force et interdits de retour après que le village a été désigné zone militaire fermée.

340 fermes et villages détruits

Finalement, Jubata al-Zeit figure parmi les 340 fermes et villages syriens du Golan détruits par Israël à la suite de l’Occupation de 1967. Ils furent remplacés par des colonies israéliennes, utilisant souvent les pierres des fermes et villages détruits. Mais cela n’est pas mentionné par Lonely Planet.

Al-Marsad écrivit à Lonely Planet afin de faire part de ses préoccupations et fut très déçu de la réponse obtenue : une explication incohérente et aucun engagement à faire quelques corrections pour résoudre ces points.

Au sujet de son omission des faits fondamentaux sur l’occupation israélienne du Golan, Lonely Planet répondit que sont répertoriées “des informations pertinentes dans l’introduction de la section sur les Plateaux du Golan afin d’aiguiller les décisions des voyageurs, mais donner des analyses politiques ou historiques détaillées ne serait pas adapté pour un guide de voyage.” Cependant, cette information est fournie dans la section du guide sur la Cisjordanie – disant explicitement qu’elle se trouve sous occupation militaire – ce qui amène à se demander pourquoi Lonely Planet aborde le Golan différemment.

Lonely Planet tente de justifier sur son site internet pourquoi il classe le Golan comme étant en Israël en disant que “depuis que le Golan est annexé par Israël et que les voyageurs peuvent passer librement dans cette région, alors qu’ils ne peuvent pas passer de la Syrie au Golan, cela a plus de sens, du point de vue du voyageur, de classer la destination avec Israël sur notre site internet.”

Cela n’est pas une explication crédible, alors que le Golan pourrait avoir une section et une page indépendante sur le site internet de Lonely Planet, comme c’est le cas pour la Cisjordanie et la Bande de Gaza occupées.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a récemment rappelé aux états de “faire la distinction, dans leurs différentes transactions, entre le territoire de l’Etat d’Israël et les territoires occupés depuis 1967.” Malgré le message clair que le Golan ne fait pas partie d’Israël, de nombreuses entreprises internationales de voyages comme Lonely Planet ne parviennent pas à faire cette distinction.

Etant donnée l’illégalité des colonies israéliennes dans le Golan selon les droits humains et le droit humanitaire international, les entreprises internationales de voyages qui font la promotion d’hébergements et d’activités touristiques dans les colonies israéliennes illégales pour leur propre bénéfice sont – en conséquence – soit impliquées dans, soit facilitant indirectement des activités qui donnent lieu à des violations des droits humains fondamentaux.

Jusqu’à ce que Lonely Planet reconnaisse ses responsabilités, de nombreux voyageurs dans la région continueront d’être mal informés sur le Golan et sur la réalité de son occupation par Israël.

Al-Marsad est une organisation des droits humains basée à Majdal Shams, dans les Plateaux du Golan occupés. C’est la seule organisation des droits humains opérant dans la région.

Traduction: Lauriane G. pour l’Agence Média Palestine

Source: Electronic Intifada

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