Comment Booking.com apporte son soutien aux crimes de guerre d’Israël

 

Par Mieke Zagt  – 22 février 2017

Une annonce de Booking.com pour un hôtel israélien au bord de la Mer Morte ne mentionne pas qu’il est en Cisjordanie occupée.

 

Il y a deux ans j’avais écrit un article expliquant que Booking.com proposait des chambres d’hôtel dans des colonies qu’Israël avait construites en violation du droit international. Je mettais aussi en avant comment ce site de voyages trompait la clientèle en donnant « Israël » comme adresse d’hôtels de Cisjordanie et du Golan occupés.

Depuis, des corrections ont été apportées aux choix. Lorsque je suis allé sur le site Booking.com au début du mois, j’ai appris qu’il indique désormais « colonie israélienne » comme adresse de certains logements de ses listes.

Il est plus que probable que ce changement ait été fait en réponse aux directives de l’Union Européenne.

Pour autant, cela n’altère pas le fait que Booking.com continue à encourager l’existence des colonies, qui constituent un crime de guerre.

Prenez par exemple le Kibboutz Hôtel Kalia. En 2015, Booking.com prétendait qu’il était en Israël. Aujourd’hui, le site indique qu’il est « situé dans une colonie israélienne ».

Pour qui n’est pas familier avec la géographie ou la politique du Moyen Orient, il ne saurait être clair que l’hôtel est situé sur une terre palestinienne occupée.

Booking.com n’approfondit pas ce que « situé dans une colonie israélienne » veut véritablement dire. Il ne précise pas que la colonie a été construite en violation du droit international.

Des touristes peu circonspects peuvent simplement penser que l’hôtel est situé dans un endroit attractif, non loin de la Mer Morte.

Les photos de gazons bien taillés et d’une piscine spacieuse ne sont pas de nature à alerter de futurs visiteurs sur le fait qu’en réservant là une chambre, ils entreraient sur la scène d’un crime de guerre.

Tromperie

Un rapport de l’ONU de 2013 a défini les colonies comme englobant « tous processus et structures physiques et non physiques » construits ou en cours d’installation, qui étendent ou maintiennent « des communautés résidentielles israéliennes » au-delà de la Ligne Verte, la frontière entre Israël et la Cisjordanie occupée et la bande de Gaza.

Des hôtels situés dans des colonies israéliennes relèveraient de cette définition, étant donné qu’ils contribuent à l’économie touristique des colonies.

D’autres listes de Booking.com sont sans doute encore plus trompeuses.

Le site internet donne «Israël » comme adresse pour des logements de Jérusalem Est. Et ce, en dépit du fait que le Conseil de Sécurité de l’ONU voit l’annexion de Jérusalem Est par Israël comme une violation du droit international.

Par exemple, Booking.com offre à ses clients la possibilité de louer des chalets à Ramot, une colonie israélienne de Jérusalem Est. Le site internet prétend que les chalets sont en Israël, sans faire savoir qu’ils sont dans une colonie illégale.

Booking.com identifie un hôtel de la colonie de Ramot comme situé en Israël quand il est en Cisjordanie occupée.

Le siège de Booking.com  est aux Pays Bas. Il devrait donc se plier aux lois néerlandaises et à celles de l’Union Européenne.

En novembre 2015, l’UE a publié des lignes directrices à l’intention des sociétés ayant des activités économiques au Moyen Orient. Elles établissent que l’Union « ne reconnaît pas la souveraineté d’Israël sur les territoires » qu’il occupe depuis 1967 : la Cisjordanie (dont Jérusalem Est), Gaza et le Golan, et « ne les considère pas comme une partie du territoire israélien ».

Les lignes directrices  ajoutent que l’information publiée par les sociétés sur l’origine de produits qu’elles vendent « doivent être correctes et ne pas tromper le consommateur ». Étiqueter « produit d’Israël » un produit issu d’une colonie israélienne de Cisjordanie, Jérusalem Est comprise, serait trompeur, selon les lignes directrices.

Si les lignes directrices se concentrent sur des marchandises plutôt que sur des services, rien n’indique que des hôtels devraient être exempts de leurs dispositions.

Donner « Israël » comme adresse pour Jérusalem Est va clairement contre ce que stipulent les lignes directrices.

Outre sa proposition d’hôtels de colonies de Cisjordanie occupée, Booking.com continue à prétendre que le village de vacances de Rimonim Hermon est en Israël. En fait, ce complexe est sur le Golan, une partie de la Syrie occupée par Israël.

Inadéquat

Booking.com n’est pas allé assez loin, il a obéi partiellement à ces lignes directrices.

Toutes les colonies de Cisjordanie, dont Jérusalem Est et le Golan contreviennent à la Quatrième Convention de Genève qui interdit à une puissance occupante de transférer sa population civile dans les territoires qu’elle occupe.

La construction et l’expansion des colonies israéliennes ressortent à des crimes de guerre, l’UE devrait non seulement dire aux entreprises d’avoir une terminologie appropriée, mais plutôt interdire la vente de biens et de services de et vers ces colonies illégales. L’UE devrait faire cela, ayant à l’esprit la façon dont l’ONU a de fait défini les activités économiques dans ces colonies comme des activités de ces colonies.

Booking.com situe le village de vacances de Rimonim en Israël alors qu’il est sur le Golan syrien occupé.

Il y a deux ans, Booking.com a essayé de se soustraire à ses responsabilités. Un porte-parole de l’entreprise m’a dit  « ce n’est pas à nous » de déterminer si les colonies israéliennes sont illégales, contestées (ou) non reconnues.

La corporation n’a pas répondu à des demandes plus récentes de commentaires. Danwatch, un centre de recherches de Copenhague, a récemment critiqué le Groupe Priceline, la maison mère de Booking.com, pour avoir refusé de prendre en compte les «  effets potentiellement négatifs sur les droits humains »  du fait de présenter des hôtels dans les colonies israéliennes.

Jeff Handmaker, un professeur de droit à l’Université Érasme de La Haye, a insisté sur le fait que « les entreprises ne peuvent pas se déconnecter de leurs obligations en droit international ».

Handmaker a avancé l’argument selon lequel en vertu de la loi néerlandaise sur les crimes internationaux, Booking.com pourrait être poursuivi pour agir en faveur de violations du droit international.

En continuant à proposer des services dans les colonies illégales, « Booking.com facilite, délibérément ou non, mais de façon active, la commission de crimes de guerre » a-t-il ajouté.

La seule ligne d’action acceptable pour Booking.com est de refuser de mettre sur ses listes quoi que ce soit existant dans des colonies israéliennes illégales de Cisjordanie, y compris de Jérusalem Est et du Golan.

Personne ne devrait être invité, le sachant ou non, à passer des vacances dans une destination illégale.

Mieke Zagt est co-fondatrice et présidente de Article 1 Collective, une organisation de défense des droits humains.

Traduction SF l’Agence Media Palestine.

Source : Electronic Intifada

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