Israël insiste pour dire que l’attaque contre des soldats en territoire occupé, c’est du « terrorisme »

Maureen Clare Murphy – 9 janvier 2017


Le premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahu, au centre, avec le ministre de la Défense Avigdor Lieberman, à droite, sur la scène de l’attaque du 8 janvier à Jérusalem. (Ronen Zvulun / Reuters)

Israël a commencé à mettre en place une série de mesures draconiennes après qu’un Palestinien ait fait rouler un camion dimanche dans une groupe de soldats israéliens dans la colonie d’East Talpiot près de Jérusalem en Cisjordanie occupée, tuant 4 d’entre eux et en blessant 13. Le Palestinien, identifié comme Fadi Ahmad Hamdan al-Qunbar, 28 ans, a été abattu sur place.

L’enregistrement de la caméra de sécurité montre un camion roulant dans un groupe d’environ une douzaine de personnes en uniforme militaire israélien qui se tenait près d’un bus, puis faisant machine arrière pour rouler vers le groupe avant de ralentir jusqu’au point mort :

https://twitter.com/vic2pal/status/818086241061191680
Regardez : la vidéo la plus nette sur l’attaque bélier de Jérusalem, partagée sur les réseaux sociaux.
14 H.25 – 8 janvier 2017

Le premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahu, s’exprimant sur la scène de l’attaque ce même jour, a déclaré : « Nous connaissons l’identité de l’agresseur. Tous les signes montrent l’agresseur comme un supporter de l’État Islamique. »

Netanyahu n’a pas fourni de preuve à ses affirmations, mais a fait référence aux récentes attaques bélier à l’aide d’un véhicule en Europe.

L’armée israélienne a entre-temps produit un montage vidéo d’images filmées en France, en Allemagne et aux Etats Unis et d’attaques bélier similaires perpétrées par des Palestiniens.

Israël et ses soutiens insistent aussi pour faire passer toute attaque par des Palestiniens pour du terrorisme, en dépit du fait que la législation internationale reconnaît depuis longtemps leur droit à  résister à l’occupation armée.

Le législateur israélien Amir Ohana a dit qu’un guide touristique local « a abattu le terroriste et ainsi empêché d’autres morts. Il rejoint une longue série de citoyens qui portaient des armes et ont ainsi prévenu des attaques lors de leur récente vague. » Ohana faisait référence à la nouvelle phase d’attaques par des individus palestiniens agissant indépendamment des groupes armés et qui a débuté fin 2015.

Un guide touristique qui accompagnait les soldats dimanche pour « une visite pédagogique de Jérusalem » a dit à la radio israélienne qu’à la fois des civils et des soldats avaient tiré sur le camion.

Une famille punie

Dimanche, le gouvernement de Netanyahu a adopté une mesure en vue d’utiliser des ordonnances de détention administrative – emprisonnement sans charges ni procès – contre les personnes suspectées d’affiliation à l’État Islamique.

Cette tactique est largement utilisée contre les Palestiniens qui vivent sous occupation armée en Cisjordanie, y compris à Jérusalem Est, Israël retenant plus de 700 Palestiniens avec des ordonnances de détention administrative en octobre 2016.

Le gouvernement israélien a approuvé une série de mesures pour punir collectivement la famille al-Qunbar, y compris la démolition dès que possible de leur maison, le rejet de leurs demandes de regroupement familial et le refus de restitution du corps d’al-Qunbar.

Des représailles semblables ont été pratiquées contre d’autres familles de Jérusalem dont des proches avaient mené des attaques ou étaient suspectés d’en mener depuis fin 2015.

Dimanche, les forces israéliennes ont débarqué dans le quartier d’al-Qunbar, dans la zone de Jabal al-Mukabbir de Jérusalem et ont arrêté au moins cinq des membres de sa famille, a rapporté Ma’an News Agency.

Ma’an a interviewé la sœur d’al-Qunbar qui a dit que les forces israéliennes avaient fait une descente dans la maison d’al-Qunbar ainsi que dans celles de ses frères et de ses parents. Ses sœurs ont été interrogées et convoquées à des interrogatoires ultérieurs.

Shadia, sœur d’al-Qunbar condamnée à deux jours de résidence surveillée, a dit que son frère assassiné était père de quatre enfants et n’avait aucune attache politique et n’avait jamais été arrêté précédemment.

Lundi, un tribunal israélien a prolongé la détention des frères d’al-Qunbar, Munthir et Muhammad, et de son cousin Muhammad Omran al-Qunbar.

« Nous ne savons pas ce qu’il est advenu de Fadi », a dit la sœur d’al-Qunbar. « Il a appelé sa femme [avant l’attaque] et lui a dit de préparer le déjeuner. »

Retour de baton

Lundi, le vice-ministre israélien des affaires étrangères a demandé un contrôle total du système scolaire de Jérusalem Est – les responsables israéliens prétendent régulièrement que c’est une prétendue incitation dans les écoles palestiniennes, plutôt que les actions des forces d’occupation israéliennes, qui provoque la violence des Palestiniens.

Le ministre israélien du logement, ancien général, a demandé que la famille d’al-Qunbar soit exilée en Syrie, et qu’on retire à ses proches les prestations de l’assurance nationale.

La police israélienne a empêché la famille d’al-Qunbar d’installer une tente de deuil pour recevoir les visites de condoléances.

« Entre-temps, dimanche soir, des dizaines de colons israéliens ont lancé une manifestation sous la protection des forces israéliennes près de Jabal al-Mukabbir, débitant des insultes anti-palestiniennes selon les locaux », c’est ce qu’a rapporté Ma’an News Agency.

Un porte-parole de la police a dit à Ma’an que des policiers ont dispersé une manifestation organisée par Lehava, groupe extrémiste financé par le gouvernement israélien et qui fait campagne contre le métissage entre femmes juives et hommes palestiniens.

Lundi, la police a fermé Jabal al-Mukabbir et contrôlé toutes les voitures qui sortaient de cette zone, a ajouté Haaretz.

Condamnations

Aux Etats Unis, la Maison Blanche, le Département d’État et de nombreux législateurs ont condamné l’attaque, comme l’a fait Nickolay Mladenov, Coordinateur Spécial des Nations Unies pour le Processus de Paix au Moyen Orient.

L’un des quatre soldats tués, Erez Orbach, 20 ans, avait la citoyenneté américaine

Le maire israélien de Jérusalem, Nir Barkat, a déclaré que : « Malheureusement, il n’y a pas de limites à la cruauté des terroristes que rien n’arrête lorsqu’il s’agit d’assassiner des Juifs et de bouleverser la vie dans la capitale d’Israël ».

Pourtant, une vie bouleversée, c’est la norme pour les Palestiniens qui vivent dans le secteur oriental de Jérusalem occupée.

Dans la première semaine de 2017, les autorités israéliennes d’occupation à Jérusalem ont démoli deux maisons appartenant à des Palestiniens, dans le cadre d’une vague de démolitions qui a laissé en quelques jours 151 Palestiniens à la rue en Cisjordanie.

Les forces israéliennes font régulièrement des descentes dans les quartiers palestiniens de Jérusalem et, dans certaines zones, des groupes de colons s’emparent de logements et en chassent leurs résidents palestiniens.

Un adolescent palestinien de Jérusalem a été abattu le mois dernier quand les forces israéliennes ont fait un raid dans le quartier de Kufr Aqab pour démolir une maison appartenant à un Palestinien abattu après qu‘il ait tué deux Israéliens fin octobre dans la ville.

Un jeune a été tué au cours de manœuvres de répression dans la ville contre les Palestiniens à la suite de l’attaque d’octobre.

L’attaque de dimanche à Jérusalem a été décrite par le Hamas comme une « réaction naturelle aux crimes de l’occupation israélienne », opinion reprise par d’autres factions palestiniennes.

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

Source : The Electronic Intifada

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