Que va signifier le président Trump pour la Palestine ?

 

Par Ali Abunimah, 9 novembre 2016

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Le président élu Donald Trump serre la main du vice-président élu Mike Pence au moment de son discours de remerciement lors du rassemblement le soir de son élection, à New York le 9 novembre.

(John Locher / AP Photo)

Par une journée à laquelle la plupart des gens ne s’attendaient pas, nous pouvons avancer avec certitude quelques éléments.

L’un d’eux est que Hilary Cliinton aurait été une présidente désastreuse pour ceux qui soutiennent la lutte des Palestiniens pour leurs droits.

Sa campagne ratée la lançait comme successeur naturel du président Barack Obama, le démocrate qui vient juste d’accorder sans réserve à Israël l’aide militaire la plus importante de toute l’histoire.

Pendant la primaire des Démocrates, Clinton s’est vendue comme une alliée belligérante et violemment va-t-en-guerre du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu contre le peuple palestinien.

Elle jura de faire de l’empêchement du mouvement non violent, mené par les Palestiniens, de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) une priorité de sa gestion pressentie.

Elle a tout fait pour mener campagne contre les mesures les plus douces pour tenir Israël pour responsable, y compris en appeler directement l’été dernier aux membres de son Eglise Méthodiste Unie pour qu’ils votent contre le désinvestissement de sociétés qui soutiennent l’occupation israélienne et en tirent profit.

Clinton s’est positionnée comme une extrémiste anti-palestinienne à un moment où la base du parti démocrate se montrait plus ouverte que jamais à la prise en compte des droits des Palestiniens.

Son extrême soutien à Israël n’est qu’une des nombreuses façons avec lesquelles elle et son parti ont encouragé les donateurs et se sont révélés hors de tout contact avec de larges paries du pays qu’ils tenaient pour assurées.

Mais Hilary Cliinton ne sera pas présidente.

Le président Trump

La seule chose que l’on peut dire avec quelque certitude à propos du président élu Donald Trump, c’est que personne ne sait exactement ce qu’il fera.

Plus tôt dans la campagne, il a insisté pour dire qu’il serait impartial dans ses relations avec les Israéliens et les Palestiniens, amenant ainsi un bon nombre des supporters les plus fanatiques et néoconservateurs dans les bras de Clinton.

Mais devant ce contrecoup, il a rapidement fait volte face, promettant à Netanyahu qu’il reconnaîtrait Jérusalem comme « capitale une et indivisible de l’État d’Israël » et encourageant activement Israël à poursuivre ses constructions dans les colonies de Cisjordanie occupée.

Trump manifesta cependant quelque réticence pour calmer le jeu. Après avoir gagné sa nomination par son parti en juillet, il balaya la question d’un reporteur qui voulait savoir s’il suivrait la « tradition » des autres candidats républicains et se rendrait en Israël.

« C’est une tradition, mais je ne suis pas traditionnel », riposta Trump.

Même si ces changements révèlent un homme imprévisible sans opinions stables, les positions très pro-israéliennes de Trump ne diffèrent pas beaucoup en substance de la politique d’Obama, sous le contrôle duquel la construction de colonies a fait plus que garder le rythme qu’elle avait sous le président Geroge W. Bush.

Peurs viscérales

Dans son discours d’après la victoire la nuit dernière, Trump a repris le schéma habituel : « Nous nous entendrons bien avec toutes les autres nations qui voudront bien s’entendre avec nous… Nous aurons d’excellentes relations. Nous nous attendons à avoir de vraiment excellentes relations. »

Cela sera d’un piètre réconfort pour les populations des Etats Unis et du monde entier dont les peurs viscérales sont alimentées par les forces qui ont aidé à propulser Trump au sommet : son harcèlement et son incitation racistes contre les musulmans et les Mexicains, ses vantardises sur ses agressions sexuelles envers les femmes, son déni du réchauffement climatique et l’indulgence dont il bénéficie de la part des tenants antisémites de la suprématie de la race blanche, dont le Ku Klux Klan, qui lui a accordé son adhésion.

Les pendants israéliens de ces vils racistes américains célèbrent aujourd’hui la victoire de Trump.

Netanyahu a félicité Trump, l’appelant un « véritable ami d’Israël ».

« Je suis certain que le nouveau président Trump et moi-même continueront à renforcer l’alliance entre nos deux pays et la feront encore progresser », a ajouté le premier ministre israélien.

Naftali Bennett, ministre israélien de l’Education qui s’est vanté d’avoir tué des Arabes, a salué l’arrivée de l’ère Trump.

« La victoire de Trump est une opportunité pour Israël de retirer l’idée d’un Etat palestinien au centre du pays, qui nuirait à notre sécurité et notre juste cause », a dit Bennett.

Mais la soi-disant solution à deux Etats était déjà morte et Clinton n’aurait rien changé à cela.

La riposte

La cause palestinienne s’est déjà transformée en lutte pour l’égalité contre un système israélien solidement établi d’occupation, de colonialisme de peuplement et d’apartheid, ancré et enraciné dans le soutien de l’establishment dans les deux partis américains.

Les Palestiniens n’attendaient pas le résultat de l’élection américaine pour décider de la direction de leur combat.

Trump a gagné, mais un certain nombre de choses n’ont pas changé. Au cours des dix dernières années, le soutien aux droits des Palestiniens a progressé aux Etats Unis, particulièrement chez les jeunes et dans la base de plus en plus diverse du parti démocrate qui a été complètement délaissée par sa direction bien installée.

Plus que jamais, les gens comprennent que le soutien américain à Israël ne vient pas que des mêmes endroits où la suprématie blanche, l’incarcération de masse, la violence incontrôlée de la police et le militarisme et l’impérialisme américains sont les plus forts.

Il provient aussi des cercles libéraux, défenseurs des droits de l’Homme qui ont soutenu Clinton qui, plus souvent qu’à son tour, met sur le même plan colonisateur et colonisé, oppresseur et opprimé, occupation et résistance.

Cette base n’a maintenant pas d’autre choix que de se remettre de son désespoir, que, de toutes façons, l’élection de l’un ou l’autre des candidats aurait précipité, et de continuer à organiser la lutte pour ses droits et les droits des peuples du monde entier.

La vérité, c’est que nous n’avions pas d’autre choix que de mener de toutes façons ce combat.

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Plaestine

Source : The Electronic Intifada

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