Les doux fruits de la Palestine

Mohammad Alhaj – The Electronic Intifada – Hébron, le 18 octobre 2016

a59j5361_0

Le vignoble de la famille al-Nasheh, géré par l’un des fils de son fondateur, se trouve confronté à un avenir incertain.

La culture la plus réputée de la Palestine est l’olive, mais il ne faut pas oublier ses raisins. La région la mieux connue pour la production de raisins est celle d’Hébron, en Cisjordanie sous occupation israélienne.

Le vignoble de la famille al-Natsheh dans la ville d’Hébron a été planté à l’origine dans les années 1950, deux décennies après que Daoud Salam al-Natsheh eut fait l’acquisition de 40 dunums de terre (un dunum = 1000 m²) en 1932, pour 250 livres palestiniennes, monnaie en vigueur sous le Mandat britannique.

Daoud Salam a vécu une longue vie et il s’est marié trois fois. Ses enfants et leurs survivants – il a eu neuf fils et sept filles, dont certains sont décédés – ont hérité du vignoble.

Son fils Abd al-Aziz, 60 ans, né durant le troisième mariage de Daoud, gère la terre.

Empiétement israélien

Abd al-Aziz raconte que l’armée israélienne a construit une caserne en haut de la colline qui surplombe le vignoble en 1968, un an après avoir occupé la Cisjordanie. Puis, est venue la colonie Kiryat Arba, qui s’est étendue au fil du temps et qui, aujourd’hui, entoure le vignoble.

Abd al-Aziz dit que les colons de Kiryat Arba n’ont jamais causé de dommages au vignoble ni attaqué les cueilleurs, mais ce qu’il craint, c’est qu’Israël finisse par coloniser la terre familiale.

Le bénéfice généré par le vignoble, qui est partagé entre Abd al-Aziz, ses frères et sœurs survivants et les enfants de ses défunts frères et sœurs, ne suffit pas pour vivre, dit-il. Abd al-Aziz possède aussi une boutique à Hébron.

La famille engage un garde pour assurer la protection du vignoble et elle embauche un agriculteur comme contremaître durant la récolte annuelle, qui veille à ce que le produit soit dirigé sur les marchés locaux.

« Si nous ne prenons pas soin de notre terre, alors elle deviendra un terrain vague » dit Abd al-Aziz.

La dernière génération

L’agriculteur Muhammad Ali Nasir al-Jabari, 72 ans, est mieux connu sous le nom d’Abu Nassar. Il a travaillé aussi dans la construction, mais il dit avoir arrêté ça il y a 25 ans et que maintenant, il travaille uniquement au raisin, ce qu’il fait depuis l’âge de 12 ans.

Abu Nassar déplore appartenir à la dernière génération de ceux qui considèrent l’agriculture comme un élément essentiel de leurs vie et coutumes.

« Ce sont l’évolution de la vie, et l’occupation, qui sont la cause de la perte de la terre et de l’agriculture » dit-il.

« Vendre une récolte de raisins n’est pas chose aisée, parce qu’on trouve les raisins israéliens sur le marché palestinien », ce qui influe sur l’offre et les prix, dit Abu Nassar.

Israël contrôle les importations et les exportations de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Les territoires occupés constituent un marché captif pour les produits israéliens, et sont l’une des destinations premières des exportations d’Israël.

« Aucun des responsables palestiniens ne nous a fourni des réponses satisfaisantes concernant les produits israéliens, et en particulier à propos des raisins israéliens sur nos marchés » ajoute Nassar.

 

Texte de The Electronic Intifada. Images et reportage par le photo-journaliste Mohammad Alhaj, basé en Cisjordanie.

 

img_5368

Abd al-Aziz Salam al-Natsheh, dans le vignoble familial.

a59j5307_0

 

Abu Nassar supervise la cueillette du raisin au petit matin.

 

img_5480

Abu Nassar et l’un de ses petits-fils transfèrent les caisses de raisin d’une charrette tirée par un âne sur un camion qui transportera le fruit sur le marché.

a59j5425

Plusieurs variétés de raisins sont cultivées dans le vignoble de la famille al-Natsheh.

 

img_5300-2

Un neveu d’Abd al-Aziz dort sur une terrasse pour surveiller le vignoble avant la vendange de l’automne. En arrière-plan, on peut voir la base militaire israélienne sur le haut de la colline.

img_5562

La colonie Kiryat Arba empiète toujours davantage sur la terre familiale des al-Natsheh.

 

img_5364

« Je détruirai toute la récolte, plutôt que de la vendre à une entreprise vinicole » dit Abu Nassar. Le raisin de la famille al-Natsheh ne servira pas à fabriquer de l’alcool.

 

a59j5330

Un petit-fils d’Abu Nassar aide à la récolte du raisin.

 

a59j5420

Le cépage blanc variétal sur le vignoble est l’un des raisins de table les plus prisés en Palestine.

a59j5316

Des raisins de la vigne de la famille al-Natsheh.

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

Source: Electronic Intifada

Retour haut de page