Youssef Boussoumah: Grâce à Anne Hidalgo, Paris capitale de l’apartheid israélien

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Par Youssef Boussoumah, Parti des Indigènes de la République – 12 août 2015

« Un bébé palestinien brûlé vif par des colons israéliens et des milliers d’autres qui souffrent à Gaza et Anne Hidalgo propose Tel Aviv-Sur-Seine ? » Cette réflexion d’un internaute, reflète bien le dépit, voire la colère d’une bonne partie des habitants de ce pays depuis qu’a été annoncée dans le cadre de Paris-plage la tenue d’une opération Tel Aviv sur Seine jeudi 13 août prochain, une provocation d’un cynisme surréaliste.

En effet un an pratiquement après l’opération « Bordure protectrice », invasion de Gaza qui fit près de 2200 morts dont 550 enfants et des milliers de blessés essentiellement des civils, un an après ces gigantesques défilés où l’opinion de ce pays notamment la jeunesse s’exprima massivement contre cette nouvelle agression coloniale d’une puissance surarmée contre un peuple démuni, alors que Gaza en dépit de ses souffrances résiste au blocus israélien qui interdit tout retour à la vie, madame le maire de Paris, tout comme l’été dernier, son mentor, le 1er ministre matraqueur de la jeunesse Manuel Valls, persiste et s’enfonce elle aussi dans le déni de réalité. En effet, par son entêtement elle montre qu’elle ne comprend rien à l’exigence de dignité et le souci de la morale qui anime une grande partie de ce pays notamment la jeunesse des quartiers populaires qui refuse de cesser de s’indigner comme on veut le lui imposer et ainsi de se faire par son silence complice de criminels de guerre. Elle montre également qu’elle préfère le camp de la force brutale et de la loi du plus fort à celui de la raison et de la justice.

Signé en mai dernier entre Anne Hidalgo et son homologue le maire de Tel Aviv ce partenariat entre Paris et la capitale d’un Etat, dont la traduction devant la CPI se fait de jour en jour plus certaine, a de quoi scandaliser tous ceux qui refusent de reléguer au niveau d’un fait divers la mort de milliers de femmes et d’enfants innocents. Tous ceux pour qui les principes de liberté, de droit du peuple palestinien à disposer de lui-même, de protection des civils en temps de guerre ne sont pas des vains mots. Tous ceux pour qui l’exigence de justice pour le peuple palestinien est plus qu’ un slogan creux parce qu’en fait il incarne l’exigence de justice pour toute l’humanité.

A qui fera t-on croire comme le prétend madame Hidalgo que ce partenariat n’est « qu’un évènement festif », qu’il ne concerne que la ville de Tel Aviv flottant au dessus du monde et des réalités alors qu’à quelques km seulement de cette bulle, un mur étrangle près de 2.5 millions de Palestiniens et que chaque jour des dizaines de check points empêchent toute vie normale ?

Comment peut-on faire fi du fait que celle-ci est bien la capitale consentante d’un Etat qui occupe, colonise et saccage la vie de milliers de Palestiniens de Cisjordanie, de Jérusalem et qui tous les 3 ans se lance dans une vaste expédition-massacre contre des hommes et des femmes sans défense de Gaza ou du Liban ?
Comment espère t-on faire croire que Tel Aviv sur seine n’est pas un évènement politique alors que des groupes ultra pro israéliens comme la LDJ ou le BNVCA s’y donnent déjà rendez-vous et que des soutiens inconditionnels de la politique israélienne s’en réjouissent sur les réseaux sociaux ?

Ainsi Patrick Klugman adjoint au maire de Paris chargé des relations internationales et de la francophonie qui l’an dernier justifiait l’agression contre Gaza se répand sur la chaîne pro-israélienne I24 pour se réjouir que « BDS cette fois-ci n’aura pas le dernier mot ».

Madame Hidalgo aurait-elle dans les années 80 organisé un partenariat avec Pretoria ou Le Cap sous prétexte qu’il ne s’agissait « que de villes » et non des deux capitales de l’Etat raciste sud-Africain ?

Quelle est cette ville « progressiste », Tel Aviv, comme elle la nomme qui vit et profite grassement de l’apartheid israélien, le mur est à quelques km, dont les entreprises filtrent et sélectionnent leurs bons ouvriers palestiniens munis de véritables pass comme dans l’ancienne Afrique du sud, dans de véritables marchés aux esclaves où ils constituent une main-d’oeuvre taillable et corvéable à merci ?
Comment madame Hidalgo peut-elle oublier que Tel Aviv est une ville fondée sur les ruines et après l’expulsion de 75 000 des 80 000 habitants de la ville palestinienne de Jaffa en 47/48 et dont les descendants sont eux reclus dans les camps de réfugiés de Gaza, aujourd’hui encore un vaste champ de ruines soumis à un blocus d’un autre âge ?

Comment madame Hidalgo a t-elle le cœur de proposer de faire vivre à Paris les « nuits endiablées » de Tel Aviv au mépris de tous ceux qui ont ressenti le martyre d’un bébé palestinien brûlé vif par des colons comme une gifle à toute leur humanité ? Et ce alors que ses parents viennent tous deux de succomber à leur tour ? 

Quelle est cette absence totale de sentiment humains pour le peuple palestinien qui pousse madame Hidalgo à maintenir un évènement qui non seulement exalte la capitale d’un État qui n’a jamais respecté une seule résolution de l’ONU mais qui en plus organise un blocus totalement illégal contre Gaza ?
Comment madame Hidalgo peut elle feindre d’ignorer un État qui organise des châtiments collectifs, qui nourrit de force les prisonniers en grève de la faim, qui emprisonne des enfants ou des gens sans jugement pour des périodes quasi illimitées ? 
Les crimes de guerre de l’armée israélienne sont si patents que d’ores et déjà des ONG comme Amnesty international les ont récemment dénoncés et que des officiels, officiers supérieurs de l’armée israélienne, n’osent plus sortir du territoire israélien de crainte d’être interpellés.

Les jeunes et moins jeunes qui aujourd’hui se mobilisent pour le droit et la justice en Palestine sont les enfants de ceux qui hier se mobilisaient pour le triomphe de la justice incarné par la libération de Nelson Mandela et contre l’apartheid d’Afrique du sud. Ils sont la conscience de ce pays. C’est cette même jeunesse qui l’an dernier s’était mobilisée par dizaines de milliers dans tout le pays.

Celle-ci se sent à nouveau insultée et humiliée par le mépris qu’oppose à son exigence de liberté pour la Palestine, un pouvoir autoritaire et injuste, opposé à tout dialogue et qui face à son esprit de justice ne sait qu’opposer la menace de recourir à la force brutale. Il est plus que temps de consentir à l’annulation d’un évènement qui d’ores et déjà à l’international couvre de honte Paris et qui loin d’apaiser les esprits laissera une marque indélébile. La direction de la mairie de Paris aurait tort d’y répondre par le mépris et la violence de la répression policière.

Youssef Boussoumah, membre du PIR.

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