Après 55 jours de grève de la faim, un prisonnier palestinien va être libéré

Amira Hass – Jack Khoury – Ha’aretz – 29 juin 2015

Khader Adnan, en ce moment au seuil de la mort, sera libéré dans deux semaines, et il va entre-temps progressivement commencer à manger et à boire.

Les autorités israéliennes ont accepté de libérer Khader Adnan, un Palestinien en détention administrative qui est en grève de la faim depuis 55 jours.

Adnan sera libéré dans deux semaines, et il va entre-temps progressivement commencer à manger et à boire.

Dimanche, en début de matinée, l’épouse et les six enfants d’Adnan ont été autorisés à lui rendre visite à l’hôpital Assaf Harofeh – et ce pour la première fois depuis le début de sa grève de la faim il y a 55 jours -, alors que son état de santé s’était vraiment dégradé.

Un ami de la famille a indiqué que Randa Adnan avait quitté la pièce horrifiée, disant qu’elle sentait que son époux allait mourir. Elle a déclaré qu’elle prévoyait de manifester silencieusement devant l’hôpital Tzrifin et elle a demandé aux députés arabes de la soutenir ainsi que sa manifestation.

Le directeur de la Société des prisonniers palestiniens, Qadura Fares, a dit que Randa Adnan était venue à l’hôpital visiter son époux avec l’aide de la Croix-Rouge internationale, « et que lorsqu’elle a vu Adnan et la gravité de son état, elle a décidé de ne pas rentrer chez elle tant qu’il ne sera pas libéré. Elle est consciente que son état de santé est très sérieux, et c’est pour cela qu’elle fait appel à tous, et notamment à la communauté diplomatique en poste à l’Autorité palestinienne et en Israël, pour agir afin que cesse la détention administrative d’Adnan, » a dit Fares, ajoutant, « Vous ne pouvez pas détenir un être humain sans jugement jusqu’à ce qu’il meure ».

L’avocat Jawad Boulus, conseiller juridique d’Adnan, n’a pas réussi à parvenir à un accord sur les conditions de sa libération avec le chef du bureau des poursuites militaires, le lieutenant-colonel Maurice Hirsch. Les négociations ont commencé il y a onze jours, après des compromis par les deux parties : l’État abandonnait son exigence qu’Adnan cesse sa grève de la faim avant de le début des discussions, tandis que Boulus abandonnait son exigence qu’Adnan soit libéré immédiatement. Randa Adnan a dit que son époux aurait cessé sa grève de la faim dimanche si un accord avait été signé.

Adnan a été hospitalisé pendant trois semaines ; pendant la plus grande partie du temps, il a été enchaîné à son lit conformément aux instructions du service pénitentiaire israélien et avec l’accord de l’hôpital, en dépit des protestations de la Croix-Rouge, de son avocat et de l’organisation Médecins pour les droits humains. La semaine dernière, son bras a été libéré et dimanche, la retenue à sa jambe lui a été retirée. Trois policiers se tiennent dans sa chambre 24 h sur 24, selon deux militants israéliens anti-occupation qui lui ont rendu visite.

Adnan refuse de boire de l’eau et des boissons gazeuses, et il refuse d’être examiné par un médecin quel qu’il soit – ni du service pénitentiaire, ni de l’hôpital ni même du groupe Médecins pour les droits humains. La documentation médicale indique qu’après le 42e jour d’une telle grève de la faim, le risque existe de complications très graves.

Pour le service de sécurité Shin Bet, Adnan est un membre actif du Jihad islamique. Il a été placé en détention administrative pour la neuvième fois il y a onze mois, et il s’est mis finalement en grève de la faim pour protester contre son incarcération prolongée sans jugement. Il y a trois ans, également en détention administrative, il a obligé les autorités à le relâcher après une grève de la faim qui dura 66 jours. Au total, il a passé plus de six années en détention israélienne.

Samedi, Boulus a dit à Adnan qu’il risquait de mourir à tout moment. « Khader ne veut pas mourir, et Israël n’est pas intéressé par sa mort », a déclaré Boulus lors d’une conférence de presse, en exprimant l’espoir qu’un accord conduisant à sa libération n’arrive pas trop tard.

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

Source: Haaretz

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