Une exposition de photos sur la lutte des Bédouins palestiniens

Par Maureen Clare Murphy mercredi 28 janvier 2015

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Photos de la série d’Awajan montrées par la Jeunesse du Naqab pour les Droits Humains

Une nouvelle exposition de photos itinérante illustre la lutte des communautés des Bédouins palestiniens du désert du Naqab (Neguev) qui se situe au sud de l’actuel Israël.

Les photos – prises par des jeunes de villages bédouins – informent sur les mauvaises conditions de vie dans ces villages. Non reconnus et privés de services par l’État, les villages manquent de services de base tels que l’eau, l’électricité, les soins de santé, l’école et d’autres services.

Les communautés bédouines sont traditionnellement semi-nomades et depuis la création de l’État d’Israël en 1948, les Bédouins du Naqab, dont le nombre est actuellement estimé à 170 000, ont été soumis à une urbanisation forcée.

Le projet photographique émane de la campagne « Jeunes pour les droits humains » menée dans le cadre de l’action communautaire de Baladna au Naqab, qui « soutient une nouvelle génération de jeunes Bédouins arabes du Naqab pour la défense de leurs droits humains par la photo et le cinéma » selon ce groupe.

Quatre groupes de jeunes, soit cinquante participants de quatre villages du Naqab, ont participé au programme jusqu’à présent, et leur travail a été montré à Nazareth le mois dernier.

Baladna a mis les photos en ligne et les a accompagnées de commentaires en arabe et en anglais de sorte que des groupes ailleurs dans le monde puissent organiser leurs propres expositions afin d’élever le niveau de conscience sur la lutte pour les droits humains dans les villages des Bédouins du Naqab. (ceux qui sont intéressés à héberger l’exposition peuvent contacter fund@baladnayouth.org ou appeler le +972(0)48 523 035 pour plus d’information).

Violation des droits

Des manifestations ont éclaté à Rahat, ville bédouine du Naqab, au début du mois, à la suite de l’assassinat par la police de Sami Jaar, un jeune de 22 ans. Un autre habitant, Sami Ziadna, est mort de ses blessures après que la police ait tiré des grenades lacrymogènes lors de l’enterrement de Jaar.

La mort de ces deux hommes a déclenché des manifestations dans tous les villages palestiniens de l’actuel Israël. Environ 1,7 millions de Palestiniens sont citoyens d’Israël, mais ils sont soumis à une discrimination systématique qui porte aussi sur l’accès à la terre et à l’éducation.

Fin 2013, une contestation soutenue a interrompu un projet gouvernemental connu sous le nom de Plan Prawer qui aurait déplacé des dizaines de milliers de Bédouins palestiniens du Naqab.

Mais la démolition des maisons a continué depuis – le village non reconnu d’al-Araqib a été rasé par Israël pour la quatre vingtième fois la semaine dernière.

La violation de leurs droits à laquelle résistent aujourd’hui les Bédouins au Naqab, est la poursuite du nettoyage ethnique de la Palestine commencé en 1948 – ce que les Palestiniens nomment Nakba ou « catastrophe ».

Les opérations de transfert forcé qui ont commencé au Naqab en juillet 1948 ont expulsé 90% de la population des Bédouins palestiniens hors des frontières du nouvel État, selon l’historien Ilan Pappé.

Quatorze paysans bédouins palestiniens ont été raflés près du village d’al-Araqib, emmenés dans un camion de l’armée israélienne et exécutés sommairement en septembre 1948, ainsi que Nasser Rego l’a récemment rapporté à l’Intifada électronique.

« Les habitants disent que le massacre d’al-Araqib en 1948 fut motivé par le désir de faire peur et de hâter leur fuite » selon Rego.

L’exposition de photos

Les photos de l’exposition des Jeunes du Naqab pour les Droits Humains sont centrées sur les thèmes de la confiscation des terres, des transferts forcés, de la destruction de l’environnement et de la discrimination d’État.

La série d’images prises par les jeunes du village d’Awajan porte sur la menace imminente de transfert forcé de leur village destiné à faire place à une forêt d’arbres non endémiques plantés par le Fonds National Juif (FNJ).

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Série de photos d’Awajan

Depuis des décennies, des villages palestiniens victimes de nettoyage ethnique ont été plantés de pins par le FNJ.

Ainsi que l’a dit en 2010 Alice Gray, experte en environnement à Arwa Aburawa, collaboratrice de l’Intifada électronique, « les arbres sont utilisés par le FNJ pour assurer son contrôle sur des étendues de terres et en empêcher l’usage par les Bédouins ».

« En même temps » a jouté Gray, « l’État a détruit toutes sortes de cultures des Bédouins – ils les ont aspergées de Round-Up (un herbicide à large spectre) depuis des hélicoptères, jusqu’à ce que de trop nombreux Bédouins soient hospitalisés pour empoisonnement chimique et que la haute cour de justice l’interdise ».

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Les 4 photos ci-dessus sont de la série de Wadi Nam

Planter un arbre d’espoir est le thème des photos de Wadi Nam, qui mettent le focus sur une école d’une seule pièce, au toit de tôle. Même ce modeste lieu d’éducation est traité comme une menace par l’État et celui-ci a essayé de la fermer et de transférer les élèves dans l’école d’un autre village, selon ce que montre l’exposition.

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Deux photos de la série d’Aum Btim

La dernière série, appelée ‘Le truc », montre la supercherie de la reconnaissance officielle du village d’Aum Btim, alors que ce village de 5 0°00 âmes attend depuis dix ans d’être raccordé au système électrique national. L’environnement de la vallée dans laquelle il se situe a été endommagé par des ordures jetées par les colonies israéliennes voisines.

Toutes les images sont gracieusement mises à disposition par Baladna.

Traduction SF pour l’Agence Media Palestine

Source: Electronic Intifada

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