Gaza: Article publié dans Politis

                                                  Gaza, territoire maudit

                                                                                           Photo : AFP – Mahmud Hams

 

Privés d’électricité et d’eau potable, les habitants de l’enclave palestinienne subissent aussi les conséquences du changement de régime en Egypte.

L’unique centrale électrique de la bande de Gaza a recommencé à fonctionner dimanche après la reprise des livraisons de fuel par Israël. La centrale était arrêtée depuis le 27 décembre. Durant toute cette période les habitants de l’enclave palestinienne ne disposaient que de six heures d’électricité par jour.

Auparavant, entre le 1er novembre et le 15 décembre, Israël avait déjà bloqué les livraisons de fuel ce qui avait provoqué des coupures jusqu’à seize heures par jour, affectant les écoles, les hôpitaux et les usines de traitement des eaux. Le monde avait alors découvert, sans s’en émouvoir, des images de gamins pataugeant dans une mare d’eau fétide. Cela, alors que des pluies torrentielles avaient dévasté le territoire. Aujourd’hui, deux habitants sur trois ne reçoivent de l’eau potable qu’une fois tous les trois ou quatre jours.

Ces limitations d’électricité, aussi imprévisibles qu’arbitraires, illustrent parfaitement la politique israélienne de punition collective. Selon l’ONG israélienne « Gisha »,  Israël a établi une liste de produits interdits d’entrée à Gaza. Parmi ces produits, on trouve aussi bien le chocolat et les bonbons pour les enfants, que le ciment nécessaire à la reconstruction, le fer ou…des instruments de musique..

Le blocus, considérablement renforcé dernièrement, a des conséquences d’autant plus dramatiques que les tunnels à la frontière entre l’Égypte et Gaza, véritable ligne de survie de la population, ont quasiment tous été détruits ces derniers mois par le nouveau gouvernement égyptien dirigé par les militaires.

Fin 2013, le taux de chômage a atteint les 40%. Même, le secteur de la construction, l’un des rares à avoir réussi à croître sous le blocus, pâtit aujourd’hui lourdement de la chute des approvisionnements.

Cinq ans après l’offensive israélienne « Plomb endurci », qui avait fait 1500 morts, dont, selon l’Unicef, un tiers d’enfants, le commissaire général de l’agence des Nations unies UNRWA, Filippo Grandi, estime que Gaza est devenu « inhabitable »

Au blocus proprement dit, s’ajoute une politique d’agressions régulières. Les pêcheurs sont attaqués en mer, toujours plus près des côtes et bien en deçà de la limite des eaux territoriales de Gaza. Les agriculteurs sont ciblés dans leurs champs, surtout près de la frontière, où sont situées les terres agricoles les plus fertiles, mais aussi là où Israël a décrété une « buffer zone », zone tampon où son armée ouvre régulièrement le feu sur les paysans palestiniens simplement parce qu’ils sont là.

Sans compter des bombardements fréquents qui continuent de tuer en toute impunité. Le soir de Noël, Hala, une petite fille de 3 ans, est morte chez elle, victime d’une bombe israélienne.

Ce qui frappe dans cette situation, c’est la relative indifférence du monde. A part quelques ONG engagées dans cette région du monde, il n’y a pas en faveur des habitants ou des enfants de Gaza d’appels à la solidarité ou d’élans humanitaires. Ce qui est paradoxal, puisque la catastrophe humanitaire de Gaza a ceci de singulier qu’elle est entièrement artificielle.

Imen Habib

(Agence Média Palestine)

 

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